La souveraineté correspond d'abord à l'indépendance en matière de production de semences, premier maillon de la filière. Selon moi, cette indépendance est un enjeu extrêmement important pour la capacité de production française et pour la souveraineté française. Par ailleurs, l'exportation et la capacité de production agricole globale constituent également des éléments de souveraineté. En effet, une crise alimentaire commence au niveau des semences. C'est grâce à la capacité d'innovation des entreprises mise au service d'enjeux alimentaires globaux que la France est premier exportateur.
La souveraineté dépend également de la sécurité et de la capacité du réseau d'agriculteurs à produire les semences nécessaires pour le marché français, mais aussi pour les autres marchés. Nous sommes fragiles dans ce domaine, notamment du fait d'évolutions réglementaires importantes. Il s'agit d'espèces très mineures : radis, épinards, que nous ne sommes plus capables de produire sur le territoire français car nous n'avons plus de solutions de protection des plantes. Ainsi, les semences d'épinards viennent de Nouvelle-Zélande ou d'Inde.
Aujourd'hui, nous avons besoin de molécules de traitement pour protéger les plantes pendant le cycle de production des semences. Des molécules ont été supprimées alors que nous n'avions pas d'alternative et nous ne sommes désormais plus en mesure de sécuriser la production de certaines espèces.
Les entreprises qui produisent ces semences sont internationales. Si elles ne peuvent pas produire en France, elles produiront dans des pays hors Union européenne utilisant les solutions qui nous sont refusées en France. Ainsi, une interdiction européenne a été prononcée sur une molécule de désherbage, le S-métolachlore, entraînant une diminution de la capacité de production de semences en France. Les agriculteurs français auront toujours du maïs à semer, mais nous devenons dépendants d'autres pays : les semences de maïs sont importées d'Ukraine, une zone du monde qui est peu sécurisée.