Le 4 avril dernier, le groupe Écologiste-NUPES, dans le cadre de sa journée d'initiative parlementaire, faisait adopter l'instauration de prix planchers pour enfin garantir un revenu digne aux agricultrices et aux agriculteurs.
Avec ce projet de loi, on en est très loin : aucune ambition, aucune amélioration des conditions de vie, aucune valorisation du travail des paysannes et des paysans. Le texte navigue entre de grandes formules – « l'intérêt général majeur » ou « la défense des intérêts fondamentaux » – et des reculs du droit de l'environnement, à rebours de la volonté affichée de transition agroécologique et climatique – tout cela sans moyens supplémentaires pour les agriculteurs et les agricultrices.
Concernant l'enseignement et la formation agricoles, ce projet de loi d'orientation oriente en fait bien peu. On n'y trouve aucun chiffre qui donnerait des perspectives au service public de l'éducation, que ce soit en matière d'ouverture de places, de personnel supplémentaire ou d'objectifs de formation aux métiers de l'agriculture et du vivant. Il est vrai que ne pas se donner d'objectifs chiffrés demeure le meilleur moyen de ne pas être désavoué par les faits, ce qui permet de prétendre avoir réussi – même et surtout en cas d'échec.
Le renouvellement des générations et le renforcement de l'enseignement agricole public sont les deux poumons de l'agriculture de demain ; ils auraient beaucoup de difficulté à fonctionner l'un sans l'autre. Le défi du renouvellement des générations représente une formidable opportunité pour développer et renforcer l'enseignement agricole public en tant qu'acteur majeur de l'orientation, de la formation et de l'accompagnement de l'installation et de la transmission. C'est aussi une opportunité pour accélérer le développement de l'agroécologie en y donnant une place de premier plan à l'agriculture biologique. Comme partout dans l'éducation, il s'agit aussi de former des citoyennes et citoyens, de futurs professionnels qui auront un nouveau point de vue sur ce qu'est une société durable.
L'enseignement agricole public n'est pas valorisé à la hauteur de son action, notamment en faveur des territoires ruraux. En Pays de la Loire, seul un élève sur huit de l'enseignement agricole est scolarisé dans le public – 13 % en Loire-Atlantique –, alors que la moyenne nationale est de 44 %. Je ne peux m'en satisfaire, car l'enseignement public est un bien public, partie intégrante de l'école de la République accessible à toutes et tous sans frais de scolarité, partout, garantissant ainsi une formation reconnue et de qualité. Si, depuis 2019, l'enseignement agricole connaît une légère hausse – de l'ordre de 4 % –, c'est avant tout le fruit d'une augmentation de l'apprentissage, cependant que les effectifs de la voie scolaire diminuent. Nous sommes encore loin des objectifs de 30 % d'élèves supplémentaires et de l'élévation générale du niveau de diplôme.
Amener davantage de jeunes aux métiers de l'agriculture et du vivant suppose une révolution de la connaissance, de la représentation et de la considération du monde agricole dans notre société. Il faut d'abord sortir des images désuètes et réductrices de l'agriculture ; ensuite, renforcer les liens entre le monde agricole et la société, en passant par l'éducation à l'agriculture et à l'alimentation ; enfin, valoriser et rendre plus lisible l'offre de formation aux métiers de l'agriculture et du vivant.
Malheureusement, dans sa forme actuelle, ce texte ne permettra ni la reconstitution de l'agriculture française, ni l'accélération de la transition agroécologique et sociale, ni le renouvellement des générations. Mais nous nous efforcerons, au moyen de nos amendements, de l'améliorer.