Je suis colonel de gendarmerie, issu de la marine nationale puisque j'ai fait l'école navale.
L'AMF traite principalement des questions de défense par le biais de la résilience. La première résilience est celle liée aux risques naturels. Je salue à ce titre les élus des Alpes-Maritimes qui connaissent très bien ce sujet. Le maire de Mandelieu-la-Napoule, M. Leroy, est d'ailleurs co-président du groupe de travail de l'AMF sur la gestion des risques, qui est désormais devenu une commission à part entière.
Cette résilience est traitée dans le cadre de la stratégie nationale de résilience, dont neuf des soixante-neuf points concernent des collectivités territoriales. Cette stratégie nationale de résilience introduit deux éléments spécifiques. Le premier concerne la résilience physique de la nation face une menace extérieure – c'est ici que la question de défense nationale prend tout son sens – et la participation des maires à cette défense. La seconde porte sur la lutte contre une menace plus diffuse – la menace cyber et de déstabilisation – à laquelle les maires doivent également contribuer. La question de la résilience cyber sera d'ailleurs débattue au Parlement lors de la transposition de la directive NIS 2.
L'AMF a travaillé sur trois points, dont le premier a trait à la résilience humaine. Au moment de la crise, les maires doivent alerter, rassurer et mobiliser. Au préalable, la question de la préparation des réserves communales et militaires est essentielle et pourrait aussi être déclinée chez les cadets de la défense et les classes défense. Enfin, par nature, les maires sont des bâtisseurs, ce qui prend tout son sens dans l'après-crise, non seulement pour reconstruire les infrastructures, mais surtout le facteur moral. Cependant, créer de la cohésion au niveau communal n'est pas aisé. M. le maire a bien évoqué la problématique de ses concitoyens travailleurs frontaliers, qui ne sont plus totalement ancrés dans le territoire.
Le deuxième point porte sur la résilience matérielle, c'est-à-dire la manière dont les maires se préparent aux crises, mais aussi assurent les besoins vitaux de la population durant leur survenue, notamment à travers le plan communal de sauvegarde. En outre, en cas de crise majeure, l'articulation avec les niveaux départementaux et régionaux est essentielle. En cas de mobilisation armée, l'enjeu principal concerne la manière d'assurer les besoins vitaux en eau, en nourriture, en matière de transport et, si possible, la continuité éducative. Enfin, le dernier point a trait à la résilience cyber, enjeu particulièrement prégnant pour les petites communes rurales, qui n'ont pas les moyens de l'assurer.
L'AMF agit, même s'il est toujours nécessaire d'en faire plus. Néanmoins, je pense qu'il est important de passer d'une vision très nationale de la résilience à une déclinaison locale, d'un ordre d'armée ou de corps d'armée à un ordre tactique, c'est-à-dire une sujétion donnée aux maires qui leur permettra de s'inscrire dans cette stratégie globale. Aujourd'hui, cette idée maîtresse, cet objectif de résilience « dans la profondeur des territoires » selon les termes de la stratégie nationale de résilience, me semblent majeurs, pour parvenir à une déclinaison opérationnelle et tactique.