Intervention de Marc Fesneau

Séance en hémicycle du jeudi 16 mai 2024 à 15h00
Souveraineté alimentaire et renouvellement des générations en agriculture — Article 1er

Marc Fesneau, ministre de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire :

Je viens de le dire, monsieur Le Fur, je ne vais pas le répéter.

Dernier point, concernant la filière des semences. Je ne partage pas votre défaitisme, monsieur Le Fur : notre filière comporte des groupes d'envergure mondiale, mondialement reconnus pour leur excellence. Je partage cependant votre point de vue sur la nécessité de continuer à cultiver cette excellence, sans faire de jeu de mots. En effet, celui qui détient la semence est sans doute celui qui détient une partie du devenir de l'agriculture, donc de l'humanité. Je préférerai toujours que la production de semences se fasse en France, sans quoi nous serons en défaut : il ne faut donc pas entraver ceux qui les produisent.

J'ai oublié de parler de la génétique animale. Les financements qu'on mobilise sont d'une double nature. Certains sont collectifs, au niveau national : ils représentent 8 millions d'euros par an sur le Casdar (compte d'affectation spéciale "Développement agricole et rural" ) et 3,1 millions d'euros du ministère prélevés sur ses crédits propres. Ces sommes servent aussi à financer, entre autres, les instituts techniques et les organismes de sélection – nous devons sans doute retravailler ce point.

Ce dispositif comporte des biais. Ce bloc, transféré aux régions, leur confère en effet la capacité, par l'intermédiaire des Maec non surfaciques, de financer les races menacées de disparition – c'est ainsi que les nomme la génétique. Mais, comme les régions s'intéressent d'abord aux races de leurs territoires, elles ne financent plus celles des autres territoires, bien qu'elles soient également menacées. Ce n'est pas parce qu'une espèce animale est menacée dans tel ou tel département qu'elle n'existe pas ailleurs. Ce sont là les vertus et les complexités de la décentralisation, si vous me permettez cette petite digression.

Nous avons sans doute besoin de prévoir que, si une race est vraiment menacée, certains crédits d'une région donnée lui soient consacrés, même s'il ne s'agit pas d'une race locale et qu'elle se trouve dans une région voisine. Cela présente un intérêt national. Pour favoriser la résilience de nos systèmes, comme dans le cas des semences, nous avons intérêt à maintenir la diversité génétique des races animales. Cela nous sera forcément très utile pour faire face au dérèglement climatique.

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