J'admire la propagande orwellienne à laquelle vous vous livrez en affirmant que 150 milliards d'euros de déficit du commerce extérieur – le pire résultat jamais connu par notre pays – sont un gage de réussite et un encouragement à poursuivre la politique de l'offre qui, depuis quinze ans, nous conduit à cette situation. Vous me faites penser à ces dirigeants soviétiques qui expliquaient que si l'URSS ne fonctionnait pas, c'est parce qu'il n'y avait pas assez d'URSS. En vous écoutant, on comprend que si la politique de l'offre ne fonctionne pas, c'est qu'il n'y a pas assez de politique de l'offre.
Dans quel monde vivez-vous ? Nous affichons un déficit commercial record. Vous affirmez que la réindustrialisation est en marche. Voici ce qu'en disent les économistes de BNP Paribas, qui ne sont pas membres de La France insoumise : « Si on regarde les données en valeur, on a une vision complètement différente. Non seulement le déficit de biens industriels est très élevé, mais il ne l'a jamais autant été. Sur le long terme, les évolutions sur les échanges industriels restent négatives, notamment dans la chimie, le plastique et la métallurgie, toujours victimes de la désindustrialisation ».
Plus largement, quand allez-vous vous rendre compte que le libre-échange est une bombe climatique, puisque, selon la Banque de France, un quart des émissions de gaz à effet de serre viennent des biens échangés dans le commerce international ? Quand allez-vous vous rendre compte que le libre-échange est une arme de destruction massive pour nos emplois, nos industries, nos agriculteurs et l'ensemble des normes sociales et écologiques que nous avons construites, notamment grâce aux luttes sociales ? Quand allez-vous arrêter ce train fou ? Quand allez-vous enfin comprendre l'urgence du protectionnisme négocié que nous défendons ?
Allez-vous mettre fin à l'application provisoire de l'accord économique et commercial global (Ceta) conclu avec le Canada, mis en œuvre depuis 2017 sans que le Parlement français ne l'ait ratifié puisque le Sénat ne l'a pas encore approuvé ? Allez-vous soumettre au vote de notre assemblée l'accord conclu par l'Union européenne avec la Nouvelle-Zélande, comme 130 députés de différents groupes politiques l'ont demandé en juillet à la Présidente de l'Assemblée nationale ? Allez-vous vous opposer à la relance des négociations entre l'Union européenne et le Mercosur, sachant que le Président de la République avait dit que l'accord n'était pas acceptable en l'état ? Allez-vous vous opposer à ce que les négociations, si elles sont relancées, soient divisées en plusieurs morceaux pour contourner le vote des parlements nationaux ?