Les dernières données sur l'économie française sont alarmantes. Grièvement affectée par l'explosion des importations d'énergie, notre balance commerciale affiche de tristes records. Au premier semestre de 2022, le déficit a atteint 71 milliards d'euros, et le Gouvernement anticipe un déficit de 156 milliards pour l'année entière et de 154 milliards en 2023.
Les effets dévastateurs de la crise des hydrocarbures sont indiscutables. De fait, 60 % de la hausse de ce déficit sont attribuables à l'explosion du coût de l'énergie à l'importation. Mais ces 60 % ne doivent pas nous faire oublier que certains de nos secteurs d'exportation sont très fragilisés. Ainsi, les secteurs de l'aérospatiale et de l'automobile, affectés par la crise du covid et les tensions sur le marché des semi-conducteurs, restent nettement en deçà des niveaux de 2019. Si les secteurs de l'agroalimentaire, du tourisme et des services ont affiché, ces derniers mois, une relative bonne santé qui a évité un déficit plus important, le sort de notre industrie doit, une fois de plus, nous inquiéter. Elle est au premier rang des secteurs directement menacés par l'explosion de la facture énergétique, passée de 27 à 48 milliards d'euros en une année.
Alors que nous nous enfonçons dans la crise avec une filière nucléaire à la peine, subissant de plein fouet les conséquences de décennies de négligences du politique et un marché européen de l'électricité qui nous pénalise – mais sans doute pas suffisamment pour que le Gouvernement accepte d'évaluer la possibilité de nous en dégager, comme le font l'Espagne et le Portugal –, la question n'est plus de savoir si des usines vont devoir mettre la clé sous la porte, en raison de dépenses énergétiques devenues insoutenables, mais combien vont être contraintes de le faire.
Entendez-vous les inquiétudes ? Qu'on ne s'y trompe pas, il ne s'agit pas d'une crise passagère que le pays surmontera à grand renfort de cols roulés ou de bouillottes. Lorsque des mois, voire des années de dépenses énergétiques exorbitantes s'imposent à l'économie d'un pays, le risque est de voir des pans entiers de son industrie disparaître de façon durable, sinon définitive. Peut-être l'histoire retiendra-t-elle cette fin d'année 2022 comme le coup de grâce de l'industrie française, point d'orgue d'un quart de siècle de déclin.
Comment préparez-vous concrètement la lourde crise qui s'annonce ? Quelles mesures envisagez-vous de prendre pour en limiter les effets et soutenir l'attractivité économique de notre territoire ? Les mesures annoncées sont-elles à la hauteur de la gravité de la crise ? Selon la Banque de France, la récession serait limitée et temporaire. La Deutsche Bank est beaucoup plus pessimiste en ce qui nous concerne, puisqu'elle prévoit un recul du PIB de 1,2 % en 2023.