Intervention de Marie Pochon

Séance en hémicycle du jeudi 16 mai 2024 à 15h00
Souveraineté alimentaire et renouvellement des générations en agriculture — Article 1er

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarie Pochon :

Il vise à introduire dans la politique alimentaire le concept de choix, inhérent à la notion de souveraineté alimentaire. Vous avez, madame la rapporteure, formulé en commission un avis défavorable ; sans doute n'avez-vous pas bien compris ce qu'implique la notion d'alimentation choisie, c'est pourquoi je me permets d'y revenir.

En effet, vous avez justifié votre avis en disant que « la population a déjà le choix dans son alimentation : elle peut recourir au bio ou aux circuits courts ». C'est faux : tout le monde n'a pas accès à ces circuits. Quand les commerces de proximité ont disparu, on est contraint d'aller faire ses courses dans un hypermarché. L'effondrement du nombre de paysans compromet également cet accès. Par ailleurs, inutile d'avoir un master en économie ou en sciences comportementales pour savoir que le consommateur parfaitement éclairé et libre de toute contrainte est un mythe – sinon, les Français ne seraient pas 16 % à déclarer ne pouvoir manger à leur faim, 45 % à dire qu'ils n'ont pas le choix de leur alimentation.

Le sujet qui nous occupe, c'est la précarité, l'inflation nourrie par les surmarges de l'industrie alimentaire ; ce sont aussi les contraintes liées à des soucis de santé, à l'isolement, notamment dans les zones rurales et enclavées, à des logements qui ne permettent pas de stocker de nourriture ou de cuisiner. Enfin, n'oublions pas l'environnement alimentaire : ce terme désigne le contexte physique, économique, politique et socioculturel dans lequel les consommateurs entrent en contact avec le système alimentaire pour faire leur choix. Lorsque nous sommes assaillis de publicités pour la malbouffe, lorsque les produits bio sont peu mis en valeur, positionnés dans les supermarchés comme des produits de luxe, pire, lorsqu'ils font l'objet de surmarges, cela oriente nos choix. C'est d'ailleurs pour cela qu'une éducation à l'alimentation saine et durable est fondamentale. Je présume, madame la rapporteure, que vous n'aviez pas en tête tous ces éléments au moment de l'examen en commission et que votre avis sera cette fois favorable.

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