Il s'agit d'un sous-amendement d'appel, qui me permet de revenir sur la question des abattoirs, déjà évoquée sur quasiment tous les bancs. La France comptait 400 abattoirs en 2003, 286 en 2010 et seulement 241 en 2021. Comment peut-on espérer soutenir l'élevage national s'il n'y a plus de lieux d'abattage ou s'ils sont concentrés dans de vastes structures inaccessibles pour une grande partie des éleveurs, installés loin d'elles, dans des zones rurales, de surcroît souvent mal desservies ?
Il est donc impératif, urgent, de soutenir les abattoirs de proximité existants et de rétablir un maillage territorial – ce que nous appelons un service public de l'abattage. Vous avez publié une stratégie dans laquelle ne figurent que très peu de mesures concrètes. Qu'en est-il, par exemple, du soutien que la Banque des territoires – l'une des directions de la Caisse des dépôts – pourrait apporter aux structures en difficulté ? Je pense à une discussion avec plusieurs de mes collègues, Sylvie Ferrer, ici présente, ou Charlotte Leduc, qui m'expliquait que dans sa circonscription, la Banque des territoires avait refusé de soutenir un abattoir qui en avait pourtant bien besoin ; je pourrais également citer celui de Guéret, entre autres.
Nous constatons les dégâts du libéralisme : les mécanismes de marché ont conduit à la disparition des abattoirs de proximité. Une volonté politique forte et des moyens financiers sonnants et trébuchants sont nécessaires à ce remaillage. Monsieur le ministre, je vous demande de prendre en compte cette demande transpartisane – je l'ai entendue sur les bancs du groupe Les Républicains et sur ceux de la majorité. Si les éleveurs ne peuvent faire abattre une partie de leur cheptel quand ils en ont besoin, l'élevage est voué à l'échec.