Je reprends les explications très intéressantes de ma collègue Hignet. Ainsi qu'elle le disait, la valeur de la production du maraîchage bio de plein air s'élève à 15 170 euros par hectare, contre 13 650 euros en agriculture conventionnelle. Il en va de même pour les élevages bovins laitiers biologiques : bien qu'ils soient plus extensifs, ils permettent de dégager de meilleurs résultats par animal. La valeur ajoutée est supérieure d'environ 10 euros par vache. Dans les élevages biologiques de poules pondeuses, moins intensifs et économiquement plus performants, la rentabilité est de 37 %, contre 27 % dans les élevages conventionnels.
Si ces chiffres de l'Insee ne vous suffisent pas, nous avons également le témoignage d'Olivier, viticulteur dans l'Hérault : « Le passage à l'agroécologie me fait voir la vie et mon travail de vigneron autrement. Je ne lutte pas contre la nature et les mauvaises herbes. Au contraire, je m'en sers pour rendre mes sols plus fertiles et avoir des vignes plus productives et plus résistantes. »
En réalité, les agriculteurs ne sont pas contre la transition agroécologique ; la plupart d'entre eux sont parfaitement conscients du besoin de modifier les pratiques face au changement climatique et à la chute de la biodiversité. La mission d'information sur les dynamiques de la biodiversité dans les paysages agricoles et l'évaluation des politiques publiques associées, que nous avons menée avec Hubert Ott, l'a montré. Tous les syndicats nous ont confirmé que les agriculteurs comprenaient la nécessité d'adapter leurs pratiques ; mais ils ont besoin d'être accompagnés. C'est pourquoi, pour le bien des agriculteurs eux-mêmes, il faut fixer dans cette loi d'orientation agricole l'objectif d'accompagner et de financer l'agroécologie. Sans cela, leur enjoindre d'adopter un modèle différent, c'est les envoyer droit au mur.