Fonder la définition de la souveraineté alimentaire de la France sur notre capacité à exporter et à nous inscrire sur le marché international, comme vous le faites, c'est vouloir la mort de l'agriculture française.
Laissez-moi vous donner l'exemple très concret de ma circonscription, le nord de la Haute-Vienne, lieu peut-être le plus représentatif de l'élevage ovin allaitant puisqu'il concentre énormément de brebis allaitantes. Énormément, toutefois, pour ce qu'il en reste ! En effet, nous en avons perdu des centaines de milliers au cours des vingt dernières années. Pourtant, le modèle de l'élevage extensif, qui façonne les paysages du Haut Limousin et fournit de vrais métiers aux habitants de nos campagnes, participe à faire vivre les services publics encore existants.
Vouloir fonder la souveraineté alimentaire sur l'export, c'est donc vouloir la mort de ce modèle : c'est ce que les échanges avec la Nouvelle-Zélande ont déjà commencé à faire. Si nous avons perdu des centaines de milliers de têtes de brebis dans le nord de la Haute-Vienne, c'est précisément en raison de la concurrence exercée par la Nouvelle-Zélande. Signer un accord de libre-échange avec ce pays ou avec le Mercosur – Marché commun du Sud –, qui fera peser sur l'élevage bovin les mêmes menaces, et vouloir inscrire notre souveraineté alimentaire dans l'export, dans le contexte actuel de compétitivité internationale, c'est vouloir la mort de l'élevage extensif, qui constitue nos paysages et fait vivre les territoires ruraux.