Le texte oublie aussi de tenir compte de la place des femmes dans l'agriculture. Sachant que d'ici à 2030, la moitié des agriculteurs et des agricultrices vont partir à la retraite, nous aurons besoin des femmes. Celles-ci sont souvent porteuses de projets, mais se heurtent à des inégalités structurelles. Ainsi, Mariana, éleveuse de chèvres en Haute-Vienne, est obligée de vivre du RSA : elle n'a pu bénéficier de la dotation jeunes agriculteurs (DJA), car elle s'est installée après l'âge de 40 ans, limite au-delà de laquelle la DJA n'est plus versée. Il ne s'agit pas d'un cas isolé, mais bien d'une inégalité structurelle : les femmes s'installent en moyenne plus tard que les hommes, car elles consacrent une première partie de leur vie à la famille – la société en a décidé ainsi. Elles sont donc davantage touchées par la limite d'âge de la DJA. C'est pourquoi nous proposons la création d'une dotation nouvel installé, pour que chaque nouvel installé puisse bénéficier d'une aide. Nous aurons besoin de tout le monde dans l'effort pour le renouvellement générationnel des agriculteurs.
Je veux ajouter le témoignage de Christelle, éleveuse de bovins en Haute-Vienne, qui évoque les outils agricoles calibrés par et pour les hommes, majoritaires dans le métier agricole. Christelle a créé avec d'autres paysannes un groupe visant à se former à l'utilisation de ces outils. L'État ne répond pas du tout à ces problèmes. Pire, nous avons assisté en commission à des séquences lunaires, où la droite a nié tout sexisme structurel dans le monde agricole. Consultez donc les chiffres : ils montrent que les femmes touchent en moyenne 27 % de moins que les hommes et que leurs retraites sont bien inférieures à celles des hommes. Il faut changer tout cela !