Chers collègues Le Fur et Blin, vous avez raison : j'espère que nous aurons ce débat sur notre modèle agricole, car c'est bien ce qui se joue dans ce projet de loi d'orientation agricole.
J'ai évoqué l'agriculture économe et autonome. Les fondateurs de l'agroécologie, Miguel Altieri et Stephen Gliessman, la définissaient comme une agriculture autonome vis-à-vis de l'aval, mais aussi plus autonome vis-à-vis de l'amont, c'est-à-dire des agrofournisseurs, ce qui lui permet de se désendetter.
Vous le savez, l'endettement moyen par exploitation a été multiplié par deux en trente ans et les taux d'endettement sont parfois énormes. Ainsi, les exploitations porcines sont de plus en plus difficiles, voire impossibles à transmettre dans un cadre familial – c'est déjà le cas aux Pays-Bas, et plus encore au Danemark.
Veut-on conserver ces exploitations et faire en sorte qu'elles se transmettent dans un cadre familial, l'agriculteur et sa famille possédant leurs moyens de production ? Si c'est le cas, il faut donner les moyens aux agriculteurs de faire leur transition agroécologique, en les soutenant et en les protégeant de la concurrence internationale.
Or votre texte fait l'inverse : il réaffirme le principe de cette concurrence et donne les moyens à l'agrobusiness et aux agrofirmes de se développer encore plus.