L'article vise à placer l'agriculture dans un marché ouvert à la concurrence libre et non faussée. Il favorise l'agrobusiness et non l'agriculture dont la vocation est de nourrir ou de préserver nos paysages ; il consacre une agriculture exportatrice, dans le cadre d'un marché agricole mondialisé, qui enferme nos paysans et nos paysannes dans une course – perdue d'avance – au moins-disant social et environnemental. Il se trouvera toujours un pays pour produire moins cher et plus salement que le nôtre : nous ne pouvons pas nous livrer à cette vaine compétition. De plus, il ne peut pas y avoir « en même temps » l'assurance d'une alimentation saine, sûre, accessible et locale et l'encouragement à la délocalisation et à l'industrialisation de notre production alimentaire.
Quelques exemples pour illustrer cette impasse : 30 % des élevages ont disparu entre 2010 et 2020, qui représentaient 80 000 ETP qui ont fondu comme neige au soleil. Par ailleurs, 3 % des élevages concentrent 60 % des animaux et même si vous ignorez ce que c'est, monsieur le ministre, on voit pousser ici ou là des fermes usines. La production de porc est désormais assurée par un nombre de producteurs divisé par deux, alors que la taille du cheptel est restée constante.
On parle de décapitalisation, mais en définitive, le nombre de têtes importe moins que le fait que les éleveurs soient nombreux, qu'ils gagnent leur vie et qu'ils élèvent des animaux en bonne santé pour produire une alimentation de qualité. Votre modèle encourage des filières de piètre qualité, dont la production est destinée à l'export. Encore un chiffre : 39 % de la production de la filière porcine va à l'exportation, pour être transformée en produits de mauvaise qualité.