« Pas de pays sans paysans ! », tel est le cri d'alarme lancé par nos agriculteurs, devenus cet hiver des manifestants. Un cri qu'on ne peut oublier quand 20 % d'entre eux vivent sous le seuil de pauvreté et quand les retraités ne touchent que 864 euros par mois – une misère.
Chez moi, dans le Biterrois, les viticulteurs ne sont pas moins éprouvés, que ce soit à cause des intempéries, de la sécheresse, des maladies de la vigne, de la salinisation des terres ou de la concurrence déloyale qui fait rage, en premier lieu à cause de la francisation des vins espagnols. Nombre d'entre eux songent sérieusement à arracher leurs vignes ou à les troquer contre des panneaux photovoltaïques, quitte à balafrer nos paysages travaillés par des générations de mains qui ont aimé la terre, pour en faire leur terre.
Pire encore : trop souvent, les viticulteurs se sentent abandonnés par l'État, en raison d'aides qui ne viennent pas ou tardivement, de lourdeurs administratives, de contraintes liées à la transition écologique, d'exigences européennes à plusieurs vitesses et, parfois même, d'une justice pas toujours à la hauteur des dommages qui leur sont causés.
Le secteur du vin représente pourtant 440 000 emplois équivalents temps plein (ETP), 6,4 milliards d'euros de recettes fiscales, un chiffre d'affaires de 92 milliards d'euros et 10 millions d'œnotouristes par an. C'est le troisième secteur d'exportation excédentaire français. Surtout – ce sera le dernier chiffre –, 96 % des Français considèrent que le vin fait partie de l'identité culturelle de notre pays.