Monsieur le ministre, j'ai bien écouté votre propos introductif dans lequel vous avez défini la souveraineté alimentaire : « La souveraineté alimentaire est la capacité à assurer des besoins essentiels – c'est-à-dire le besoin de se nourrir ; à ne pas subir des interdépendances, mais à les maîtriser et à les choisir […]. C'est, dès lors, reconnaître que des interdépendances existent sur certains de ces produits mais que la géopolitique nous oblige à les repenser. »
Vous avez prononcé le mot interdépendance pas moins de sept fois, sans jamais nous dire que la meilleure maîtrise des dépendances, c'est de pouvoir produire nous-mêmes, avec notre agriculture. Vous avez totalement renoncé à l'idée que l'agriculture française puisse satisfaire la majeure partie des besoins nationaux – ce qui n'a absolument rien à voir avec l'autarcie. Vous entérinez même le fait qu'il faudrait « se préparer à ce que nous soyons déficitaires sur un certain nombre de productions », comme si c'était inéluctable. Nous vivons un moment de grande clarification : vous ne croyez pas à la véritable souveraineté alimentaire. Votre position vous isole d'ailleurs sur le spectre politique puisque personne ne pense comme vous, y compris au sein de la majorité et de l'intégralité des syndicats agricoles.
Les agriculteurs auront donc compris ce soir qu'ils ne pourront jamais compter sur vous pour les défendre contre l'importation des tomates marocaines, de la viande ovine et du lait de Nouvelle-Zélande, des pommes de Pologne, du poulet et des céréales d'Ukraine, de la viande bovine du Mercosur – que nous importons déjà sans avoir signé de traité de libre-échange. Consolider, renforcer et sécuriser au maximum la production atteignable localement doivent être les premiers leviers pour parvenir à la souveraineté alimentaire. Nous défendrons cette ambition de bon sens lors de l'examen de cet article.