Dans l'émission « Un dîner presque parfait », les candidats notent chaque soir des menus préparés par les autres participants. Ce soir, monsieur le ministre, vous êtes l'hôte et nous sommes les convives. Cet article que vous nous proposez en guise d'entrée réussit à la fois à nous laisser sur notre faim et à nous écœurer. Vous prétendez qu'il s'agit d'un article programmatique. Au vu de l'ampleur des défis à relever, nous attendions en effet un article de planification – une telle ambition aurait été de bon ton.
Il faut que nous nous fixions des objectifs précis, mesurables, vérifiables et adaptables en matière d'installation et de priorités, mais aussi de moyens d'accompagnement financiers et humains. Nous devons favoriser la transition vers les modèles qui sont reconnus comme les plus vertueux socialement et écologiquement. Pour ce faire, nous avons besoin d'une feuille de route, tout comme nos agriculteurs. L'article que vous nous proposez ne programme rien, ne planifie rien ; il ne fixe aucun objectif chiffré, aucun cap.
Votre utilisation de la notion de souveraineté alimentaire est même malhonnête, tant elle méconnaît la définition du terme reconnue internationalement. Vous mettez notamment de côté toute dimension de solidarité internationale.
Le rapport de la commission des affaires économiques est clair : au-delà de sa dimension symbolique, l'intérêt juridique de la notion d'intérêt général majeur apparaît relatif.
En commission, vous vous êtes rendu compte que la rédaction de cet article ne convenait pas et qu'elle n'avait pas été suffisamment préparée ; vous en avez annoncé la réécriture d'ici à son examen en séance. Nous nous interrogeons sur cette méthode de travail, alors que vous nous dites considérer le sujet comme essentiel. Cela nous oblige aussi à déposer des centaines de sous-amendements dont l'examen sera confus.
Pour toutes ces raisons, et pour filer la métaphore jusqu'au bout, bien qu'à ce stade on soit plus dans « Cauchemar en cuisine » que dans « Un dîner presque parfait », nous vous décernons la note de un sur dix.