Nous commençons enfin l'examen en séance du projet de loi d'orientation agricole. Après une première annonce à l'automne 2022, il a été plusieurs fois repoussé malgré l'urgence – le désarroi que le monde agricole a exprimé sur les barrages routiers l'hiver dernier, et que l'on a sans doute trop vite oublié.
Force est de constater que le projet de loi initial passe à côté des revendications principales des agriculteurs : l'article 1er reconnaît le caractère d'intérêt général majeur – une notion floue – à l'agriculture et dévoie le brillant concept de souveraineté alimentaire en le vidant du sens qui est le sien depuis bientôt trente ans. Lorsque vous avez défini les enjeux, monsieur le ministre et monsieur le rapporteur, vous n'avez rien dit sur la rémunération des agriculteurs, ni sur la lutte contre la concurrence déloyale ou sur l'accès au foncier. Vous n'avez pas fait un geste non plus vers les oppositions lorsque vous avez proposé de réécrire l'article. La nouvelle rédaction est en somme le fruit de la souveraineté des droites et certainement pas de la collégialité des parlementaires.
Monsieur le ministre, il n'est pas admissible que ce projet de loi, en particulier son article 1er , contourne les revendications les plus élémentaires du monde paysan. Les spécificités de nos filières, de nos paysages et de nos savoir-faire, nos productions emblématiques et notre modèle français d'exploitation familiale méritent mieux.