Entre-temps, il y a eu la crise agricole – cela ne vous aura pas échappé. Outre les mesures de politique publique que j'ai mentionnées, deux ajouts importants sont intervenus : l'article 1er , qui traduit notre vision de l'agriculture au travers de la souveraineté, et les mesures de simplification. Ces éléments sont venus compléter le projet de loi initial, qui visait à favoriser le renouvellement des générations en agriculture, comme le nom du pacte, présenté en décembre, l'indiquait. Il n'empêche que certaines dispositions qui figurent désormais dans le projet de loi étaient principiellement inscrites dans le pacte. À nous d'étoffer le texte en fonction de nos réflexions et de ce que nous avons perçu des réalités du terrain. J'assume donc totalement à la fois le volet installation et les éléments qui ont été ajoutés en réponse à la crise agricole – la totalité du texte ne relevant cependant pas d'une telle réponse.
Madame Babault, vous avez défini ce qu'était une voie d'équilibre. Dans ce texte, nous nous efforçons d'en suivre une entre production et souveraineté, d'une part, transition, d'autre part. Je l'ai souligné dans ma présentation : personne n'y gagnerait si l'on ne menait pas les deux combats en même temps. De nombreux territoires agricoles souffrent fortement du dérèglement climatique et des jours difficiles s'annoncent si nous n'arrivons pas à renforcer leur résilience, donc à engager une transition. Le modèle agricole changera, non parce que nous le souhaitons, mais parce que le climat l'imposera. La transition est nécessaire pour continuer à produire – et non pour s'engager dans un modèle de recul et de décroissance.
Vous avez évoqué à juste titre le diagnostic modulaire d'évaluation de la résilience des exploitations au changement climatique. Il fait partie des outils à mettre à la disposition des agriculteurs pour leur permettre de se projeter et de répondre aux questions suivantes : quel sera mon système avec un climat plus chaud de 2 ou de 3 degrés ? Comment résistera-t-il ? Faudra-t-il diversifier ? Quel est mon modèle en matière d'accès à l'eau ou de résilience face au manque d'eau ?
Monsieur Lamirault, vous avez évoqué la confiance et la souveraineté. Oui, nous devons y travailler. Pour ce qui concerne la souveraineté, la réécriture collective de l'article 1er a permis de mieux éclairer ce que nous attendons de l'agriculture – M. Alfandari auprès de qui vous êtes assis en sait quelque chose. Je pense que la crise agricole est une crise de sens. Ce texte est un projet de loi d'orientation et l'article 1er permet d'orienter la politique agricole au service d'une souveraineté renouvelée et retrouvée.
Quant à la question de la confiance, vous avez raison, elle renvoie à celle de la norme.
Je ne reviendrai pas sur l'enseignement agricole, public et privé ; nous avons réalisé des avancées utiles.
Je ne reviendrai pas non plus sur l'ensemble des sujets évoqués par M. Pacquot. Je le remercie pour ses propos sur l'équilibre recherché dans le texte, dont il a rappelé les objectifs et les principes, et sur les aspects sur lesquels nous devons continuer à avancer.
Mme Besse estime que les agriculteurs attendent des actes concrets. Elle sait que, dans son département, la puissance publique a été au rendez-vous pour répondre à la grippe aviaire par des actes concrets. Au-delà de la crise immédiate, cet épisode appelle une réflexion plus large : nous devons toujours raisonner dans une logique de souveraineté et de réponses à court et à long terme. Nous devons repenser notre modèle de production agricole afin d'éviter de nous trouver de nouveau dans une situation catastrophique au prochain épisode de grippe aviaire – car il y en aura d'autres.
Enfin, je partage ses vues sur la définition de la souveraineté. Nous avons bien avancé sur ce point.