Nous sommes réunis pour débattre d'un projet de loi de la plus haute importance : il touche directement à ce qui compose notre identité.
En tant que députée de la Vendée, je côtoie au quotidien, comme beaucoup d'entre vous, des agriculteurs, ces hommes et ces femmes qui ne raisonnent pas de travers, comme le disait Montesquieu. Ils sont les piliers de notre indépendance alimentaire. C'est pourquoi il me tient à cœur de témoigner de leurs revendications, tout à fait légitimes, et de leurs espoirs. Il est de notre responsabilité de ne pas ignorer ces voix venues des champs et des fermes de France.
Ce projet de loi, s'il suit les traces du pacte et de la loi d'orientation et d'avenir agricoles, n'est pas parfait et des améliorations substantielles devront être apportées en aval pour préparer un terreau fertile sur lequel l'agriculture de demain pourra s'épanouir. Les enjeux du texte sont majeurs, puisqu'ils concernent la sécurité alimentaire, la formation des nouvelles générations et la préservation des exploitations agricoles.
Cependant, il est essentiel de viser plus haut et plus loin, afin de redynamiser le secteur agricole français. Il a besoin d'un nouveau souffle, d'une nouvelle énergie ! Bien que je refuse de réduire le projet de loi à un simple pansement sur une jambe de bois, je veux dire ici que nos agriculteurs attendent et méritent davantage. Ils méritent une réelle ambition, une vision proactive plutôt que réactive. Il est regrettable d'attendre que les crises atteignent les portes de nos villes, que les tracteurs soient dans les rues de Paris, pour que l'urgence de la situation soit enfin reconnue.
Pourquoi tant de mépris envers les agriculteurs, qui nourrissent la France, dessinent et entretiennent ses paysages ? Ils demandent simplement un peu de considération, beaucoup moins de communication et, surtout, des actes concrets pour changer leur vie quotidienne.
Parlons de souveraineté alimentaire. Ce texte, bien qu'il pose les bases d'une réforme nécessaire, se montre toutefois trop timoré. La souveraineté alimentaire ne consiste pas seulement à produire suffisamment pour survivre aux crises, qu'elles soient climatiques, économiques ou sanitaires. Elle implique aussi de repenser nos liens avec l'Union européenne, de défendre des politiques agricoles qui protègent les producteurs et les consommateurs, plutôt que de les soumettre à un excès de normes, souvent déconnectées de la réalité du terrain.
En ce qui concerne le renouveau générationnel, même si le projet traite du sujet, nous devons aller au-delà de la simple sensibilisation. Il est crucial de transformer radicalement la perception de l'agriculture, de valoriser ce métier essentiel et de faire redécouvrir aux jeunes la noblesse de travailler la terre.
L'instauration d'un diagnostic modulaire, qui permet le déploiement de différents modules à différents moments de la vie de l'exploitation, est une bonne chose, notamment pour faciliter la transmission. Gare, toutefois, à ne pas créer une charge supplémentaire pour les exploitants, sous peine de nous détourner de l'objectif initial. Si nous souhaitons que les exploitations soient durablement viables et prêtes à être transmises aux générations futures, nous devons œuvrer avec bon sens et simplicité.
La création du réseau France Services agriculture, guichet unique à destination des agriculteurs, permettra de répondre enfin à la nécessaire simplification administrative. Toutefois, là encore, nous devons envisager des réformes plus profondes pour alléger le fardeau bureaucratique qui pèse sur les agriculteurs. Eux qui devraient se consacrer pleinement à nourrir la nation sont soumis à une paperasse illisible et technocratique !