En janvier dernier, les agriculteurs ont fait entendre leur colère, latente depuis plusieurs décennies. Grâce à cela, les médias ont enfin parlé très largement de l'agriculture française, de ses difficultés et des perspectives qu'il nous appartient de construire ensemble.
La politique agricole du Gouvernement comprend plusieurs briques, dont le présent texte fait partie. Nous examinerons également, à l'automne, deux autres textes, l'un portant sur le revenu, l'autre, sur les produits phytosanitaires.
Nous entamons donc aujourd'hui l'examen du projet de loi d'orientation pour la souveraineté en matière agricole et le renouvellement des générations en agriculture. Le cadre du débat est clairement posé : il n'y aura pas de souveraineté alimentaire sans renouvellement des générations.
Un agriculteur sur deux partira à la retraite d'ici à 2030. Notre objectif est de préserver notre modèle agricole actuel, riche de sa diversité, et ses 400 000 exploitations. N'enfermons pas le débat entre productivisme ou décroissance. Il existe une voie pour une agriculture productive et respectueuse de l'environnement. Le renouvellement des agriculteurs est d'autant plus critique qu'il s'opérera dans un contexte de changement climatique, qui a d'ores et déjà des répercussions sur nos modes de production et de consommation. Cet enjeu majeur de transition agroécologique transparaît dans le texte initial, de manière forte.
Le projet de loi introduit plusieurs mesures clés, qui permettent de répondre aux enjeux d'aujourd'hui et de demain. Permettez-moi de saluer, à cette occasion, le travail des rapporteurs.
D'abord, le titre Ier fixe un cap aux agriculteurs. Il inscrit, d'une part, le caractère d'intérêt général majeur de l'agriculture et réaffirme son importance. Il apporte, d'autre part, une définition de la souveraineté agricole et alimentaire en introduisant la nécessité de garantir, tout au long de la chaîne agroalimentaire, nos capacités de production, de transformation et de distribution, en maîtrisant nos dépendances aux importations dans les filières stratégiques. Il nous faut assurer nos besoins essentiels, ne pas subir nos dépendances mais les choisir, et les penser en Européens, notamment. Si certains d'entre nous, à ma droite, imaginent que nous pouvons produire uniquement pour nous-mêmes, c'est un leurre,…