L'agriculture industrielle est obsolète, mortifère. Parmi les chantres de ce modèle, certains se sentent aujourd'hui un peu coupables d'avoir contribué à son émergence – et c'est heureux –, mais d'autres ne voient pas, ou ne veulent pas voir, la réalité en face : c'est le cas de la majorité des gouvernements qui vous ont précédés et qui ont contribué à l'industrialisation de l'agriculture. Et vous poursuivez, monsieur le ministre, collègues de la majorité et des autres droites, cette course effrénée à l'industrialisation et à la productivité. Vous êtes obsédés par un productivisme incompatible avec les limites planétaires. Il ne vous suffit pas que l'agriculture soit chimique et mécanisée, il faut encore qu'elle soit robotique, génétique et numérique. Jusqu'où irez-vous ?
Quand un système vacille, il faut avoir le courage d'en inventer un autre plutôt que de s'acharner à essayer de le caler avec quelques béquilles qui le laissent malgré tout instable. Avec la crise environnementale, nous faisons face au plus grand défi que l'humanité ait jamais eu à affronter : nous avons l'occasion et la responsabilité historiques de tout changer, de transformer nos modes de production, de révolutionner nos modes de vie, de retisser des liens avec le reste du vivant.
Dans ce contexte, que faut-il attendre d'une loi d'orientation agricole, monsieur le ministre ? Que vous ayez le courage de renverser ce système, pour nos concitoyens, pour nos paysans. Or, alors qu'il faudrait tout faire pour installer des dizaines de milliers de nouveaux paysans, y compris ceux qui ne sont pas issus du milieu agricole, vous choisissez de faciliter la financiarisation de l'agriculture et l'accaparement des terres ; alors qu'il faudrait engager la sortie de l'agriculture industrielle, vous la renforcez et tentez d'empêcher tout recours contre les projets les plus mortifères, au premier rang desquels les mégabassines et les fermes usines ;