Intervention de Jérôme Guedj

Séance en hémicycle du mardi 14 mai 2024 à 21h30
Modification du corps électoral pour les élections au congrès et aux assemblées de province de la nouvelle-calédonie — Après l'article 2 (amendements appelés par priorité)

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJérôme Guedj :

Évidemment, nous soutenons cet amendement d'appel. La meilleure réponse à y apporter n'est pas tant de le voter, même s'il est toujours utile de le faire, mais de vous voir, monsieur le ministre, souscrire ici à une demande qui n'est pas seulement formulée par cet amendement, mais aussi par beaucoup d'acteurs néo-calédoniens.

Je ne sais pas si c'est d'une mission de dialogue que nous avons besoin. Ce terme renvoie à la mission lancée par Michel Rocard, une mission absolument indispensable – Alexis Corbière le disait tout à l'heure – pour rétablir un dialogue qui n'existait pas. Or le dialogue existe en Nouvelle-Calédonie. Je ne dis pas que l'accord global que nous appelons tous de nos vœux est à portée de main, mais un travail préparatoire a eu lieu – vous y avez vous-même participé – et il n'en est pas si éloigné que cela.

Nous avons donc davantage besoin, en complément de l'ouverture faite par le Président de la République, de la création très rapide d'une mission de contact, quel que soit le vote de ce soir – a fortiori si le texte est adopté –, pour entrer dans la logique d'apaisement que nous appelons tous de nos vœux. L'apaisement suppose notre propre exemplarité ici, c'est-à-dire de produire le consensus, qui est l'histoire de la Nouvelle-Calédonie.

L'historien néo-calédonien Louis-José Barbançon, spécialiste notamment des bagnes, a écrit récemment : « […] la seule réponse possible au oui et au non, c'est le nous. » Or le « nous » est nécessaire en Nouvelle-Calédonie comme dans cet hémicycle. Il en a d'ailleurs toujours été ainsi s'agissant du règlement des précédentes crises en Nouvelle-Calédonie, précisément parce que le débat se déroulait alors dans l'ordre inverse : nous, l'Assemblée nationale, entérinions un consensus construit par un « nous » en Nouvelle-Calédonie en le prolongeant par un « nous » de la représentation nationale. En inversant cette temporalité, vous bouleversez malheureusement un équilibre qui a garanti, pendant quarante ans, la construction du destin commun. Voilà pourquoi, à défaut d'autres actions, vous devez au moins lancer une mission de contact.

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