Nous sommes réunis afin de débattre du projet de loi constitutionnelle portant sur la modification du corps électoral de la Nouvelle-Calédonie. Un petit rappel historique est nécessaire pour contextualiser les enjeux du texte.
Pourquoi le Parlement français, réuni en Congrès en 2007, a-t-il inscrit le gel du corps électoral dans la Constitution française ? Tout simplement parce qu'il y a eu une guerre civile qui a coûté la vie à plusieurs dizaines de personnes. Car oui, au-delà des camps, au-delà d'une simplification excessive entre le pour et le contre, nous parlons de vies humaines perdues tragiquement. Et comment en sommes-nous arrivés à cette situation dramatique ? Par le fait colonial dans un premier temps, et par la gestion qui a suivi dans un second temps.
Les historiens ont suffisamment documenté ces événements et je n'ai pas la prétention d'enfiler aujourd'hui la veste d'un professeur d'université. Cependant avons-nous bien pris le temps de mettre de côté l'affect pour certains, les bisbilles politiciennes pour d'autres, le ressentiment et la colère parfois, afin de comprendre le processus historique qui nous a menés jusqu'à la décision à prendre aujourd'hui ? Qui parmi vous aurait accepté que des personnes venues d'un ailleurs lointain, étrangères à votre histoire, à votre langue, à vos coutumes, à votre culture, à vos traditions, à votre histoire, à votre territoire, prennent possession de tout ce qui vous définit, tout ce qui constitue votre existence, tout ce qui vous raccroche à la seule réalité que vous ayez jamais connue ? Personne dans cet hémicycle, j'en suis convaincu.
J'en veux pour preuve le 8 mai, une date particulière pour la France, jour de commémoration de la fin d'une guerre qui fut l'une des expressions les plus ignobles de la capacité d'horreur de l'être humain.