En France, le droit d'asile a valeur constitutionnelle. Le pacte européen sur la migration et l'asile contribue pourtant au durcissement du droit d'asile à l'échelle du continent. Au lieu d'apparaître comme une entrave à ce droit constitutionnel, un tel pacte devrait au contraire le renforcer en apportant les garanties nécessaires à son bon exercice.
En effet, ce pacte se résume à la question des frontières, transformées en zone de transit et de filtrage, niant ainsi les situations individuelles.
En réalité, ce pacte cherche à tout prix à unir un continent divisé sur le sujet, au mépris des droits fondamentaux. Pire encore, dans un exercice de novlangue devenu habituel, ses promoteurs le disent pleinement ancré dans les valeurs européennes et le droit international ! Dans les faits, il se traduit, à chaque stade du parcours du migrant, par de la détention en l'absence de condamnation et, dans les États européens, par l'affaiblissement progressif, voire la liquidation, des garanties juridictionnelles.
En témoigne, en France, la loi immigration que le Gouvernement a fait adopter à l'unisson par les droites et l'extrême droite en décembre dernier, au prétexte de simplifier le contentieux des étrangers.
À ce titre, vous me permettrez un aparté, madame la ministre, pour témoigner de mon indignation devant l'expulsion, dans mon département du Cher, d'un ressortissant français frappé d'une OQTF. Franco-ivoirien de quarante-cinq ans, fils d'un Français, arrivé en France à l'âge de sept ans il y a trente-huit ans, père de deux enfants français, il a été renvoyé manu militari après une incarcération de quelques mois. Vous piétinez toutes les lois de la République parce qu'il vous faut faire du chiffre et que cet homme est noir de peau !