Ces derniers mois, l'actualité nous a durement rappelé à quel point il ne suffit pas d'inscrire dans le marbre une valeur pour qu'elle soit respectée, et à quel point notre démocratie, pour se défendre contre ses détracteurs, doit sans cesse se remettre en question pour rendre pleinement effectifs ses principes fondamentaux.
Bien sûr, la laïcité n'est pas le refus de la religion, pas plus que la neutralité n'en est la négation. Cependant, l'État est le protecteur de notre liberté de conscience. Lorsque la religion devient, pour certains, un véritable projet politique ; lorsqu'elle est utilisée comme un instrument de repli identitaire ; lorsqu'elle menace l'égalité entre les sexes, l'État doit intervenir pour marquer clairement et fermement la frontière entre ce qui est acceptable et ce qui ne l'est pas.
Fort heureusement, il y a eu depuis vingt ans des évolutions juridiques : je pense non seulement aux actions conduites par Jean-Michel Blanquer en matière d'éducation, mais aussi à la loi de 2021, qui porte aujourd'hui ses fruits. Toutefois, deux freins majeurs entravent l'application pleine, entière et sereine de la laïcité en France.
Tout d'abord, certaines de nos élites, par lâcheté ou par rejet de la conception de la laïcité à la française, affaiblissent la bonne application de ce principe dans nos politiques publiques. Deux exemples récents en sont l'illustration : à la suite du retrait du proviseur du lycée Maurice-Ravel, le communiqué du rectorat de Paris évoque des convenances personnelles, alors que le proviseur était menacé de mort. Ce communiqué démontre que le « pas de vague », reposant sur une certaine forme de lâcheté, existe toujours. Le second exemple est la présence, jusqu'à une date récente, de M. Alain Policar au sein même du Conseil des sages de la laïcité ; celui-ci considère le voile comme « […] souvent, un vecteur d'émancipation pour les jeunes filles ». Ces deux exemples démontrent que tout le monde n'a pas pris – ou ne veut pas prendre – la mesure de la pression fondamentaliste qui s'exerce, en particulier sur notre jeunesse.
La seconde entrave provient à l'inverse de la base. De toute évidence, l'État et les collectivités locales rémunèrent des personnes, pour des missions associatives, préventives et sociales exercées dans les quartiers, qui jouent contre la République et qui en contestent, sciemment ou non, les principes fondamentaux.
Comment soutenir et former davantage ceux qui font ce qu'ils peuvent dans ces quartiers, au quotidien ? Comment amplifier et systématiser les contrôles des structures accueillant des mineurs, afin de s'assurer que leurs intervenants respectent la laïcité et les valeurs de la République ? Enfin, que pensez-vous de l'idée d'élargir à ces structures l'application de la loi de 2004 sur le port de signes religieux ?
Le 21/05/2024 à 19:24, Aristide a dit :
La fameuse loi anti-laique ?
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