Depuis la loi du 24 août 2021, l'octroi de subventions publiques aux associations et aux fondations est subordonné à la signature d'un CER. Force est de constater les dérives successives dans l'utilisation de ce dispositif par des préfectures et des collectivités qui décident, grâce à la marge d'appréciation laissée par le décret d'application, de retraits de subventions qui soulèvent des interrogations, quand ils ne sont pas retoqués en justice.
Il y a quelques mois, le tribunal administratif de Poitiers a rejeté une demande du préfet visant à couper des subventions, y voyant un usage détourné et illégal de la procédure. En février 2022, le Planning familial a été visé par un maire, simplement pour avoir collé une affiche sur le droit des femmes où figurait, entre autres, une femme voilée. Là encore, le tribunal administratif a donné raison à l'association ; le Conseil d'État a confirmé cette décision.
Des associations ont attaqué le décret d'application en raison de cet usage manifestement illégal. Toutefois, le Conseil d'État s'est borné, sans plus de précisions, à rappeler l'obligation figurant dans la loi. Cette motivation est un peu légère, alors que le Conseil constitutionnel a considéré que l'obligation figurant dans la loi « vise les actions susceptibles d'entraîner des troubles graves à la tranquillité et à la sécurité publiques ».
Au-delà de notre appréciation sur la pertinence de la possibilité de retirer des subventions à une association, il faut reconnaître que le décret d'application est manifestement contraire à cette décision du Conseil constitutionnel. Le Gouvernement compte-t-il, à tout le moins, revoir ce décret d'application pour se conformer à la décision du Conseil constitutionnel de ne viser que les troubles graves et non une simple affiche collée par une association ?