La laïcité, en plus de signifier la séparation des Églises et de l'État et le respect de chaque option spirituelle, est la manifestation de la souveraineté de l'État républicain dans la définition et l'organisation de la liberté religieuse. Le Parlement français a bien rompu sans négociation, contrairement à l'usage, ce traité avec le Vatican qu'était le Concordat : c'était un acte de souveraineté. Et si Atatürk a décidé d'appeler laiklik le régime turc – qui n'est pas un régime de séparation –, c'est afin d'exprimer la souveraineté de la république turque sur les cultes.
Je ne peux faire mieux que de vous citer ce qu'Aristide Briand a dit lors d'un débat parlementaire : « Quand l'État voit l'Église en face de lui, il doit l'examiner sous deux aspects, parce que l'Église a pris deux aspects, parce que son action a deux formes : l'État laïque pour assurer sa sécurité et sa prédominance est forcément anticlérical. Il lui appartient en effet de s'opposer à ce que l'Église, sortant de son domaine religieux, en intervenant sur le terrain politique, mette en péril la prédominance de l'État. Mais si l'Église reste chez elle, si les fidèles se contentent de manifester, sous la forme du culte, leurs sentiments religieux, l'État est tenu de s'arrêter devant ce domaine sacré. »