Nous sommes conscients de la complexité de ce sujet qui nécessite d'être abordé avec modestie. Au fait des difficultés de mise en œuvre de la loi Claeys-Leonetti, nous déplorons cependant qu'elle ne soit pas encore pleinement appliquée.
Nous regrettons que le projet de loi n'évoque pas clairement les possibilités qu'il ouvre, c'est-à-dire l'euthanasie et le suicide assisté. Nous déplorons aussi qu'un Français sur deux soit à ce jour exclu des soins palliatifs. L'annonce d'un plan décennal est positive. Mais nous nous interrogeons sur son financement, compte tenu de l'état des finances publiques.
De plus, les précédents étrangers de législations similaires attestent que les conditions d'accès disparaîtront ou glisseront progressivement, comme le souligne un rapport de la commission des affaires sociales du Sénat l'an dernier : l'offre crée la demande, avec un risque de banalisation qui favorise même la poursuite de l'euthanasie clandestine comme c'est le cas en Belgique. Comment éviter cette banalisation et, surtout, une pression sociale qui pousserait les personnes fragiles et précaires à se penser de trop et à envisager l'aide active à mourir ?
Comment enfin prévenir une dérive économique libérale où la fin de vie devient une variable d'ajustement des comptes ? En un mot, nous sommes inquiets des effets sociaux d'un tel projet de loi.