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Intervention de Cécile Mégie

Réunion du jeudi 11 avril 2024 à 11h00
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Cécile Mégie, directrice des stratégies et coopérations éditoriales transverses à France Médias Monde :

Nous partageons les propos qui ont été tenus précédemment et j'insisterai donc sur les spécificités de France Médias Monde (FMM).

France Médias Monde, qui s'adresse à des publics mondiaux en français et en vingt langues étrangères, est présente dans le monde entier, à travers ses antennes, mais également ses environnements numériques. L'information est l'axe majeur de la ligne éditoriale de nos trois médias, en continu sur les quatre chaînes de France 24, et comme colonne vertébrale des deux radios que sont Radio France Internationale (RFI) et Monte-Carlo Doualiya (MCD). En témoigne, à titre d'exemple, le déploiement sur le terrain, au plus près des faits et de leur observation, des 250 correspondants, hors envoyés spéciaux, de notre réseau.

Dans ce cadre, FMM tient son rang dans le paysage audiovisuel mondial avec, en 2023, environ 255 millions de téléspectateurs, auditeurs et internautes, en contact chaque semaine avec l'un de nos contenus. Nous sommes en première ligne dans un contexte international marqué par les crises et les fortes tensions géopolitiques, dont nous faisons directement les frais à travers les coupures et les censures dont nos chaînes et nos correspondants sont victimes. Le risque sécuritaire est accru, sur le terrain, mais également au sein de l'univers numérique, pour nos journalistes qui sont, pour certains, victimes de véritables campagnes de haine en ligne.

Nous faisons également face à l'essor des infox et des manipulations, à travers des stratégies de déstabilisation délibérées, accentuées par les réseaux et l'intelligence artificielle, et à une concurrence exacerbée au sein du paysage audiovisuel mondial, face à des acteurs qui ne respectent ni ne partagent nos critères déontologiques. Dans ce contexte, marqué par la polarisation, la propagande et la défiance, il est d'autant plus important d'affirmer l'importance de médias de service public producteurs d'une information indépendante, vérifiée, pluraliste et équilibrée. Tout en assurant la montée en puissance de nos capacités de riposte et de lutte contre les infox, nous restons fidèles à nos valeurs et à nos principes déontologiques et professionnels.

Dans ce contexte international polarisé, en proie à une propagande accentuée par le fonctionnement de l'univers numérique dans son ensemble et par les algorithmes en particulier, FMM estime que la fabrique de l'information doit s'inscrire dans un cadre déontologique clair, et partagé par l'ensemble des journalistes du groupe. Notre groupe a ainsi mis en place une charte de déontologie, accompagnée d'un corpus de textes qui encadre la sûreté éditoriale, la protection des sources, l'investigation, les bonnes pratiques quant à l'utilisation de l'intelligence artificielle dans le cadre de la production éditoriale et l'encadrement des collaborations extérieures. De ces textes découle également une organisation interne dédiée à ces sujets, à travers la commission de déontologie, mais également le comité relatif à l'honnêteté, à l'indépendance et au pluralisme de l'information et des programmes (Chipip).

Afin de tisser et d'entretenir la confiance avec nos publics, nous tenons en outre à la transparence de notre cadre éditorial. Nous montrons notamment les coulisses de cette fabrique de l'information, produisons des modules et des programmes dédiés sur les antennes, à l'image de « Témoins d'actu », « l'Atelier des médias » ou encore « Pourquoi RFI dit ça ? », ainsi que les interventions récurrentes de notre médiateur trilingue sur l'ensemble de nos antennes.

Nous saisissons également toutes les opportunités de réaffirmer le cadre de notre indépendance et de notre déontologie et la certification JTI apparaît, à ce titre, essentielle. Il nous semble en effet indispensable de soutenir et de continuer à développer cette démarche de labellisation, qui peut répondre à une demande des citoyens qui, selon une étude de l'institut Harris, sont favorables à hauteur de 70 % à la labellisation des médias afin de disposer de repères, essentiels dans un espace informationnel bouleversé. Cette labellisation doit également être valorisée par les plateformes numériques, afin de renforcer la visibilité des médias qui en disposent et de lutter ainsi contre les effets de bulles de filtres et contre les logiques algorithmiques, qui alimentent la prolifération des infox. Cela irait enfin dans le sens du Media freedom act adopté au niveau européen, dont les considérants visent justement à promouvoir la labellisation JTI afin de renforcer la visibilité des médias présents sur ces plateformes.

Pour autant, nous faisons réellement face à un déferlement d'infox et de manipulations sur les réseaux sociaux, de plus en plus sophistiquées et de plus en plus fréquentes. L'utilisation de l'IA générative permet aujourd'hui de détourner les contenus de nos médias et FMM en a fait une nouvelle fois les frais récemment : détournements de la voix de nos journalistes, usurpation de nos marques par la création de faux contenus qui adoptent les chartes, codes graphiques et signatures de nos journalistes, avec l'objectif manifeste de créer de la confusion et de la déstabilisation. Face à ce phénomène, nous faisons monter en puissance notre organisation et nos capacités de riposte. Si FMM est historiquement engagée dans la lutte contre les infox, grâce à une quinzaine de programmes dédiés dans toutes les langues et les Observateurs de France 24, une équipe à la pointe en matière de vérification, s'y est récemment ajouté « Info vérif », la cellule de vérification et d'investigation numérique de RFI qui complète ce dispositif. Véritablement transverse, elle s'accompagne d'un renforcement de la coordination avec toutes les rédactions, à la fois en français, mais également en langues étrangères, qui sont de véritables vigies de l'apparition de ces manipulations de l'information sur les réseaux, qu'elles observent et surveillent.

Nous avons également formalisé une procédure interne d'alerte visant à contrer ces attaques, qui manipulent ou détournent nos images et nos identités afin de profiter de notre notoriété et de l'impact mondial de nos médias. Des procédures spécifiques sont donc mises en place : veille, alerte, traitement éditorial rapide et pertinent, ainsi qu'une dissémination rapide pour débunker (discréditer) de façon réactive et efficace ces manipulations, en lien avec nos confrères de l'audiovisuel public. Il nous semble en outre essentiel d'évaluer la pertinence et la nécessité du débunkage des fausses informations et manipulations qui circulent. Le risque serait de traiter trop rapidement ou de façon trop visible cette infox, même si elle peut être surveillée par nos médias, afin d'éviter de contribuer à la rendre virale.

L'accent est également mis sur l'éducation aux médias et à l'information. Nous sommes ainsi fortement mobilisés et, aux côtés de nos confrères de l'audiovisuel public, nous touchons environ 3 000 élèves par an qui échangent avec nos journalistes et nous complétons ces actions hors de nos frontières auprès de nos publics cibles, notamment les lycées français de l'étranger.

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