En tant qu'ancien président de la Fédération européenne des vins d'origine, il me sera difficile d'être impartial : j'ai beaucoup travaillé à défendre les SIQO avec nos amis espagnols, italiens et portugais car nous les considérions comme des outils formidables. C'est la principale richesse collective que nous avons créée dans le monde viticole européen.
À l'exportation, la part française des vins sous SIQO est de 90 à 95 % en volume et de 98 % en valeur. En France, la part des vins sans indication géographique est très faible, suivant un modèle pyramidal inversé par rapport au schéma habituel où les nombreux produits industriels constituent la base de l'offre.
Il a fallu un demi-siècle pour parvenir à ces SIQO, qui ont créé la richesse viticole de la France et de l'Italie. L'Espagne vend davantage de produits d'entrée de gamme, même si les vins sous signes de qualité y existent aussi. Au Portugal, les produits d'entrée de gamme qui ne sont pas sous signes de qualité ne rémunèrent pas les producteurs.
Ce modèle est une chance ; il faut le défendre, le protéger au niveau européen, ce qui est fait, ainsi qu'à l'échelle internationale, par exemple lors du congrès mondial de la vigne et du vin, qui rassemblera la quarantaine de ses pays membres en octobre à Dijon. J'espère que ce sera l'occasion pour l'État français, ainsi que pour un certain nombre de pays, de faire une déclaration d'amour à ce produit, à ces cultures et à ces terroirs.
La valorisation par les signes de qualité permet à des territoires de vivre de la production viticole et d'y maintenir le niveau d'activité économique. J'ai travaillé avec nos amis de Champagne et je sais que, même si l'on y trouve de belles terres agricoles, chaque hectare de vignes champenoises produit une richesse formidable pour l'entreprise, le secteur et la France. C'est la protection offerte par les SIQO qui le permet.