La filière viticole donne l'impression de bien marcher, dans l'ensemble, mais, comme je le disais, elle est en grande difficulté dans plusieurs régions. Parallèlement à l'accompagnement de l'État, il nous faut conduire la restructuration, à savoir réduire les surfaces, adapter les produits et travailler sur l'image de ceux-ci. Cela dit, il y a encore quelque temps, notre filière était globalement assez prospère. Aujourd'hui encore, des secteurs demeurent très efficaces, comme la Champagne.
On peut tirer des leçons des succès comme des difficultés de la filière. Pour ce qui est des réussites, il faut insister sur l'importance de la montée en gamme dans les performances obtenues. Les signes de qualité, qui représentent 90 % de notre chiffre d'affaires, sont essentiels. On exporte grâce aux signes de qualité et à la protection qui leur est apportée. Certes, la marque, le nom du viticulteur confèrent parfois une notoriété supérieure à un vin mais l'appellation permet d'être reconnu et protégé dans le monde entier. Elle aide parfois à traverser les crises. Autre enseignement : nous avons développé la capacité à aller chercher de nouveaux marchés grâce à un réseau de distribution, à des négociants, à des viticulteurs qui vont loin et sont formés pour ce faire. Les acteurs de la filière viticole, y compris ceux qui sont à la tête d'une toute petite entreprise, ont appris ce qu'était l'exportation. Le maillage des entreprises exportatrices de toutes dimensions est une force de la filière.
Une leçon que l'on peut tirer de nos difficultés est qu'il faut veiller, lors de la montée en gamme, à garder une capacité de conquête des marchés d'entrée de gamme et de valeur différente. En effet, la montée en gamme ne suffit pas à alimenter tous les marchés. La France s'est coupée des produits d'entrée de gamme parce qu'ils n'étaient pas suffisamment valorisés et parce que la contractualisation entre les producteurs et les industriels n'était pas assez développée. On est donc allé chercher des produits moins chers ailleurs. L'attention portée à l'entrée de gamme permettrait à certaines entreprises, organisées de manière très industrielle, de conquérir des marchés qui ont été totalement abandonnés. La démarche industrielle ne saurait toutefois remplacer le modèle de la valorisation, qui doit rester et restera le socle de notre production dans les territoires et de notre chiffre d'affaires.