On constate effectivement une baisse assez substantielle des volumes produits, mais je ne me mêlerai pas trop de la question de la betterave.
En ce qui concerne le bio, notre position est claire depuis toujours : nous n'avons jamais cru aux 25 % préconisés par l'Union européenne pour 2030. Quand on prévoit 18 % sur le territoire national, nous considérons qu'on envoie les producteurs dans le mur : on fixe un objectif, mais ensuite le marché n'est pas là. C'est d'ailleurs pourquoi nous avons fait ajouter dans le plan de souveraineté, je l'ai dit tout à l'heure, un volet concernant le soutien à la consommation. Sans cela, nous n'aurions pas participé au plan en tant qu'interprofession.
On est à peu près à 8 % en bio pour les fruits et les légumes, contre environ 6 % pour la consommation alimentaire, malgré toute la communication qui peut être faite à ce sujet. Il faut quand même nourrir les 94 % restants. On produit, par exemple, 200 000 tonnes de pommes bio pour 100 000 tonnes consommées. Des gens perdent ainsi 5 000 à 10 000 euros par hectare parce qu'on les a envoyés, même s'ils ont aussi leur propre responsabilité, dans une voie qui consistait à penser que les arbres monteraient jusqu'au ciel et que le marché croîtrait éternellement dans des proportions colossales. Il existe des freins liés au pouvoir d'achat mais aussi à la perception de la valeur obtenue pour l'argent dépensé, comme disent les Anglais.
Le bio a perdu 20 % en deux ans. Nous disons qu'il faudrait se fixer comme objectif de passer des 6 % actuels à environ 10 % et ensuite voir ce que l'on peut faire, au lieu de se fixer comme objectif 25 %. Les Allemands disent 30 % et nous 18 %, mais c'est incohérent avec le marché, qui n'est pas stabilisé. Essayons d'abord de faire en sorte qu'il le soit. Nous avions alerté le ministère de l'agriculture il y a trois ans et nous lui avions demandé de passer d'un soutien à l'offre à un soutien à la demande. Cela commence à être fait : quelques millions y sont désormais consacrés. Nous avons soutenu, en tant que filière interprofessionnelle, ce mouvement mais nous pensons qu'il faut attendre que le marché recolle au niveau antérieur avant de faire des projections. J'ai demandé au Président de la République, lors du Salon de l'agriculture, d'éviter d'envoyer des producteurs dans le mur en annonçant des chiffres qui ne sont pas réalistes. Je l'ai également dit au ministre de l'agriculture et je peux le répéter très tranquillement devant vous : il ne faut pas pousser en ce sens.
La question de l'eau est majeure pour nous. « Maraîchage » vient de « marais ». Si on n'a pas d'eau, on ne produit rien. Il faut donc trouver des solutions, comme les retenues collinaires que vous avez évoquées. Il est également question d'utiliser les « eaux grises ». Certains pays utilisent 90 % d'eau recyclée : on peut certainement avancer dans ce domaine.
Pour en revenir à la betterave, nous faisons un peu de betterave maraîchère. Nous en vendons, mais nous ne sommes pas concernés par la question du sucre. Je laisse en parler qui de droit.