L'étiquetage de l'origine est un sujet ancien dont on entend de nouveau beaucoup parler depuis quelques semaines. Il est totalement légitime que le citoyen consommateur ait droit à cette information. En tant que transformateurs, nous voulons pousser le plus loin possible la transparence en la matière. Malheureusement, c'est plus compliqué qu'il n'y paraît.
Est-ce que cette information changerait le comportement des consommateurs ? Certains regarderont le prix ; d'autres, qui ont les moyens financiers d'être des « consom'acteurs », préféreront payer un peu plus un produit venant de France.
Néanmoins, même pour des produits mono-ingrédient, ce n'est pas si simple lorsque l'ingrédient varie dans le temps. Les systèmes d'information déployés au sein de nos entreprises permettent bien sûr d'assurer une traçabilité arrière totale – quand on a un problème avec un lot, on peut regarder d'où il vient – mais il est beaucoup plus compliqué d'avoir sur la boîte, en temps réel dans la chaîne de production, une étiquette mentionnant l'origine de la matière première, et cette difficulté est multipliée lorsqu'un produit a plusieurs ingrédients : leur origine va fluctuer, non parce que nous serions sans foi ni loi et que nous ne tiendrions pas à ce que les choses viennent d'aussi près que possible, mais parce que nous allons les chercher là où les conditions météo sont les plus propices. Les légumes du soleil, par exemple, viendront de régions où il y a plus de soleil. Cela peut être l'Espagne ou le Portugal, ce qui n'est pas à l'autre bout du monde, mais l'origine variera en fonction des possibilités d'approvisionnement et on ne peut avoir une étiquette pour chaque fluctuation d'un des ingrédients. Même si nous voulons aller dans le sens de la transparence, faire apparaître l'origine sur l'étiquette serait extrêmement compliqué et peu réaliste.