Dans le cas de la tomate, l'effondrement de 2000 est lié d'une part à la montée en puissance de la Chine – passée d'une production inexistante à 7 millions de tonnes sur les 40 millions consommées dans le monde, entièrement destinées à l'exportation puisqu'il n'y a pas de consommation sur place –, d'autre part à l'arrivée sur le marché européen de l'Espagne et du Portugal, qui avaient bénéficié des fonds structurels pour développer leur activité. Quand vous êtes subventionné à 80 % sur un devis représentant 120 % du coût de l'usine, ça ne vous revient pas cher ! À l'époque, nous nous sommes fait laminer car le travail, en France, n'était pas entièrement mécanisé.
Aujourd'hui, nous travaillons comme les Californiens, les Argentins, les Espagnols et les Portugais, avec les mêmes variétés et les mêmes machines. Quand tout se passe bien, je ne descends pas dans le champ et je ne touche pas le plant de tomate. C'est à ce prix-là que ça marche.
Grâce à la loi Egalim, nous avons pu faire remonter le prix il y a trois ans. Il est passé de 85 à 105 euros la tonne, et, aujourd'hui, il est à 140. Quand il était à 85, on disait qu'il aurait dû atteindre 105 ou 110. Avec l'explosion du coût des matières premières à la suite de la guerre en Ukraine, il a fallu monter d'un cran. L'IPAMPA (indice des prix d'achat des moyens de production agricole) a été pris en compte et les producteurs et transformateurs sont parvenus à un accord. Cette année, on refuse 25 000 tonnes de tomates que les producteurs voulaient faire, car notre capacité de transformation est à saturation. Alors qu'une entreprise connue et déjà présente sur le marché français arrive en France pour y pratiquer la deuxième transformation – sauces, plats – en bénéficiant du logo français, nous nous demandons comment installer une unité de première transformation dans le couloir rhodanien pour nous rapprocher de la production, car les besoins de cette entreprise équivalent à la moitié de la production française actuelle.