L'ANIFELT regroupe les filières de fruits et légumes transformés – les légumes verts, la tomate d'industrie, le pruneau, la cerise, le champignon, le maïs doux, le chou à choucroute et les salades de quatrième gamme, dont les industriels qui les transforment sont avec nous – et l'Association française interprofessionnelle des fruits à destination multiple transformés (AFIDEM), qui traite notamment des pommes destinées à être transformées après un tri et du cassis. Un tiers des légumes et un quart des fruits produits en France passent par une étape de transformation – l'appertisation, la déshydratation, la surgélation, ou d'autres procédés moins répandus. La majorité de nos producteurs sont regroupés au sein d'organisations de producteurs (OP) régies par des interprofessions de branche, qui signent des accords pour chaque production, permettant un ajustement annuel des mises en culture de légumes aux besoins des industriels. Celles des fruits sont plus aléatoires, puisqu'une fois arraché, un verger ne recommencera à produire que dix ans après avoir été replanté. Cela explique les difficultés actuelles de la production de cerise d'industrie : il faudra des années avant de retrouver les vergers attaqués par les mouches drosophiles.
Les OP et les industriels passent des contrats qui prévoient un calendrier pour optimiser la récolte. Notre filière ne connaît jamais de crise conjoncturelle, mais elle est structurellement en crise : nous perdons en compétitivité depuis une vingtaine d'années par rapport aux autres pays, tant européens qu'extra-européens. Nous avons un défi à relever pour contribuer à la souveraineté alimentaire et faire cesser la dégradation d'une partie de nos filières.
Comme producteur de tomate d'industrie, je donnerai trois chiffres concernant cette filière : en 1985, nous produisions 400 000 tonnes pour 800 000 tonnes consommées – soit la moitié de notre consommation nationale ; en 2000, 350 000 tonnes pour 1 million de tonnes consommées – soit à peu près un tiers ; et, aujourd'hui, entre 150 000 et 160 000 tonnes pour 1,3 million tonnes de tomates consommées – soit 12 à 13 % de notre consommation. Nous commençons enfin à remonter la pente, mais la France importe toujours pour plus de 450 millions d'euros de produits à base de tomates – heureusement, le score n'est pas aussi mauvais dans toutes les autres filières ! Nous sommes confrontés à la diminution constante des moyens de protection des cultures contre les ravageurs et, dans certaines régions, et à la baisse des volumes de production faute d'un accès suffisant à l'eau, rendu plus compliqué encore par le réchauffement climatique – une politique d'aménagement serait nécessaire pour garantir la disponibilité de cette ressource. Quant au recrutement, nos besoins de main-d'œuvre concernent surtout les conducteurs d'engin, notre secteur étant pour l'essentiel mécanisé.