Le blé dur est extrêmement sensible aux aléas, non seulement aux aléas climatiques, mais également à certaines maladies comme la fusariose, due à des champignons qui produisent des mycotoxines extrêmement nocives pour l'alimentation humaine. La réglementation est donc très sévère et c'est heureux. Selon les années, selon la climatologie, notamment au mois de mai, au moment de la floraison, la production de blé dur peut être importante, mais pas d'une qualité suffisante pour les industries pastières françaises qui développent des marques connues telles que Lustucru, Panzani, etc., et qui s'appuient sur du blé dur français, ce qui est très satisfaisant. Quand les conditions climatiques ne sont pas favorables à une bonne qualité de l'ensemble des tonnages produits par les agriculteurs, nous faisons face à une raréfaction.
Le sujet est prégnant et c'est pourquoi notre plan de souveraineté vise à augmenter la volumétrie afin de diminuer le risque lié à la qualité des blés durs. Faute de qualité suffisante, nous importons du blé dur principalement du Canada. Mais les Canadiens utilisent beaucoup d'intrants et la qualité finale n'est pas la même que la nôtre.
S'agissant des exportations, nous avons la possibilité, à deux heures d'avion de Paris, d'alimenter des pays tels que le Maroc, l'Algérie, la Tunisie, certains pays d'Afrique, etc., qui ont des besoins très importants en blé dur pour la fabrication de la semoule. Il est essentiel que nous maintenions ce double objectif de production pour l'utilisation nationale et pour des pays consommateurs qui ne peuvent pas en cultiver sur leur territoire. L'Algérie a quasiment arrêté ses programmes de recherche depuis quarante ou cinquante ans et ses rendements stagnent. Ils ont augmenté au Maroc, mais les conditions climatiques et l'état de la terre y sont souvent très aléatoires. Ils ont donc besoin d'importer et c'est le rôle de la France.
Il existe en France des usines de fabrication de pâtes qui utilise 60 % du blé dur produit en France et il s'avère essentiel de maintenir notre niveau de qualité. Nous espérons que, dans le cadre du plan de filière, les industriels pourront vendre des pâtes de qualité pour l'ensemble des consommateurs français. Au-delà de l'Italie, la Turquie fabrique beaucoup de pâtes et exporte énormément, notamment sur le continent africain.