D'une manière générale, la France est relativement dépendante aux intrants depuis plus de vingt ans. En outre, il y a longtemps que la France ne fabrique plus de tracteurs et de moissonneuses-batteuses.
S'agissant des fertilisants, notamment des engrais azotés, notre dépendance est totale. Certains de ces engrais sont obtenus par voie chimique, d'autres sont plus naturels. Le Maroc est notre premier fournisseur de phosphates, auxquels nous sommes totalement dépendants.
Cette dépendance est le fruit de choix importants faits par la France. Les Français ne veulent plus d'usines. Les Français, ou certains groupuscules, s'opposent aux bâtiments d'élevage, à l'exploitation d'une entreprise sur le territoire, quelles que soient les activités, bien au-delà de l'agriculture. Fatalement, après quelques années, elle s'est retrouvée en situation de dépendance. C'est ce que nous vivons dans l'agriculture. La filière céréalière est dépendante pour la mécanisation ; elle est dépendante pour les intrants fertilisants.
En revanche, la filière n'est que partiellement dépendante pour les semences. Nous avons la chance de disposer de trois entreprises familiales importantes dans le domaine des céréales et d'une coopérative. Nous devrions d'ailleurs davantage les aider. Ces entreprises ont investi des budgets colossaux, certaines sur leurs fonds propres familiaux, ou dans l'esprit des coopératives pour ce qui est de Limagrain. Sur certains programmes, elles arrivent à saturation parce que les investissements demandés sont trop lourds. Limagrain produit du maïs, mais, au-delà, nous sommes totalement dépendants des Américains, des Suisses et des Chinois, si on considère que Syngenta est pseudo-chinois.
Je vais vous faire part d'un exemple intéressant, voire un cas d'école. Dans le cadre d'un plan de souveraineté en blé dur – céréale qui est à la base de la semoule qui permet de fabriquer des pâtes, aliment très consommé en France et peu onéreux –, Intercéréales, collectivement, a pris le dossier en main. Nous disposons de très belles marques nationales. Des usines sont implantées en France et génèrent donc des emplois en France. Les semenciers souhaitent arrêter la recherche génétique parce qu'il n'y a pas suffisamment de blé dur cultivé. Cette recherche ne génère pas suffisamment de royalties. Ils sont essoufflés et n'ont plus les moyens. Intercéréales a mis en place un programme dans lequel les agriculteurs contribuent un petit peu plus au financement de la recherche et les industriels acceptent de contribuer à ce financement. Intercéréales a proposé au Gouvernement de contribuer pendant cinq ans à cet effort collectif sur la génétique, sur le matériel, sur des programmes qualitatifs, sur des investissements, sur les outils, etc. Grâce à cela, nous pourrons affirmer que la filière blé dur-pâtes sera une filière souveraine.
Le niveau de dépendance, même dans les grandes cultures céréalières, est donc important.