Vos propos rappellent aux moins jeunes d'entre nous ce qui s'est passé il y a vingt ou vingt-cinq ans avec les organismes génétiquement modifiés (OGM). Malheureusement, depuis vingt ou trente ans la France manifeste une défiance vis-à-vis du scientifique, de l'expertise scientifique, et c'est dommageable. Nous connaissons actuellement des défaillances dans quelques pans de la souveraineté agricole et alimentaire parce que la parole du scientifique n'a pas été reconnue et des décisions politiques qui auraient pu être prises il y a vingt-cinq ans nous font défaut aujourd'hui. Nous le mesurons clairement.
En ce qui concerne le statut de l'ANSES, nous sommes une association interprofessionnelle, un collectif, et je représente plusieurs familles que nous nous attachons à faire converger le plus possible, mais qui défendent parfois des activités et des modes de fonctionnement différents. Le statut de l'ANSES relève du rôle du politique et, si je peux me permettre, la balle est dans votre camp.
Nous souhaitons que notre filière soit efficace qualitativement et quantitativement parce qu'elle comporte des emplois et qu'elle crée de la valeur. Je pense qu'il n'y a pas plus intéressant que de faire de l'alimentation décarbonée, car cela donnera du sens à nos métiers. Il est souvent question de transmission et des jeunes générations : il serait intéressant et heureux de proposer à nos jeunes futurs agriculteurs des schémas directeurs à long terme d'installation et de création d'activité, que ce soit dans les productions animales ou végétales, autour des sujets de qualité, de quantité, de décarbonation, en leur traçant une trajectoire.
Actuellement, nous manquons de trajectoire. Où allons-nous ? Est-ce que nous y allons ensemble ? Est-ce que nous co-décidons ? Il appartient au politique de prendre des décisions relatives à l'organisation générale et à l'intérêt général ; c'est normal. La France peut et doit redevenir un grand pays agricole et agroalimentaire. Nous disposons de très belles entreprises et de très belles marques. Nous avons créé deux millions d'emplois répartis dans l'ensemble des activités agricoles et alimentaires, voire au-delà si je compte les exploitations. Ne gâchons pas cette valeur forte de création d'emplois et de participation à l'excédent commercial.