Je vous remercie de rappeler que notre filière céréalière est avant tout discrète.
Elle rassemble près de cent mille exploitations de toutes tailles et presque dans l'ensemble des départements. Nous ne nourrissons pas le mythe des grandes fermes. Très tôt, les agriculteurs céréaliers, producteurs de blé tendre, de blé dur, d'orge et de maïs, se sont organisés autour des coopératives agricoles et des entreprises de négoce, les entreprises familiales.
L'Office du blé, créé en 1936, puis l'Office national interprofessionnel des céréales (ONIC), puis l'Office national interprofessionnel des grandes cultures (ONIGC), devenu FranceAgriMer, ont constitué des outils mis en place par les différents gouvernements, repris et gérés par l'Union européenne dans le cadre de la politique agricole, afin de permettre aux céréales, éventuellement en production forte par rapport aux besoins français, d'être « mises à l'intervention » ou, éventuellement, de bénéficier à l'époque de subsides leur permettant d'exporter. Cela a renforcé la filière.
À une époque – c'est désormais moins le cas –, elle a bénéficié d'un réseau logistique extrêmement pertinent. Il y a quarante ans, il n'existait pas de problème ferroviaire en France et donc pas de problème de logistique. Dès lors, la filière était bien structurée autour de ses organismes stockeurs, de ce réseau logistique, des outils mis à disposition par l'État et l'Union européenne qui ont permis de pratiquer l'unicité du marché au sein de l'Union européenne et la solidarité entre les pays.
Il ne faut pas oublier que la politique agricole avait vocation à produire pour nourrir. À l'époque, il fallait nourrir les habitants de l'Europe et, ensuite, proposer d'exporter et de vendre à des clients à l'international.
La filière a également bénéficié des formidables progrès techniques développés par l'Institut national de la recherche agronomique (INRA), par les services techniques des coopératives et par l'outil technique que j'ai déjà évoqué, Arvalis.
Malheureusement, je conviens que nous sommes trop discrets et c'est regrettable. Il est trop souvent fait le procès des grandes fermes céréalières. J'ignore ce que signifie « gros céréaliers ». Existe-t-il une norme pour telle ou telle profession ? En tout cas, dans l'agriculture, cette notion de taille semble importante sans que nous sachions exactement ce qu'elle recouvre. Actuellement, le coût de production d'une ferme céréalière est de 30 ou 40 euros supérieur au prix de marché. Cela ne signifie pas que les agriculteurs ne font pas des efforts de restructuration. Nous sommes obligés de nous restructurer, d'être plus compétitifs, de gérer les coûts, etc., mais tout ceci nous a conduits à être efficaces et discrets.
Je suis heureux de vous entendre évoquer cette force, voire cette puissance. Nous ne devons pas craindre d'être puissants, notamment dans les domaines agricole et alimentaire. La filière céréalière propose des produits agricoles de grande qualité pour l'alimentation, des produits sains. Les crises alimentaires liées aux sujets sanitaires sont extrêmement rares, et ce depuis très longtemps, parce que nous avons également financé des mécanismes d'analyse des grains et des farines de façon à offrir une alimentation la plus saine possible.
Dans le contexte actuel, le débat sur l'agriculture est beaucoup trop généraliste. Comment comparer un agriculteur de la Marne, de l'Eure-et-Loir ou de l'Orne avec un agriculteur de la région de Toulouse ? Certes, nous fournissons parfois des produits identiques, mais nous n'avons pas du tout les mêmes coûts de production en raison non seulement de problématiques climatiques, mais également de handicaps naturels plus prégnants dans des régions plus que dans d'autres régions. C'est ainsi que nous communiquons, mais, je l'admets, faiblement et probablement pas suffisamment, notamment vers vous, la représentation nationale, ou vers les médias. Néanmoins, nous répondons facilement quand nous sommes interrogés.