J'ai insisté auprès du groupe de travail pour que le coût de revient et le coût de production soient clairement définis. Le premier représente l'ensemble des charges d'exploitation nécessaires pour produire un litre de lait – en 2023, il est de 442 euros. Pour le second, il faut prendre en compte les revenus tirés de la viande et les aides de la PAC, soit 50 à 100 euros pour 1 000 litres. Il faut donc choisir les bons termes : le coût de production n'intègre pas seulement le prix du lait, sans quoi les aides de la PAC ne concerneraient que l'éleveur.
Le rôle de l'interprofession est d'objectiver au maximum les éléments éclairant les relations commerciales entre les acteurs. Je suis également président des producteurs de lait et cette double casquette peut étonner, mais il n'y a aucune contradiction : une fois le débat éclairé, chacun doit faire valoir ce qui paraît cohérent. Nous avons tenté de déterminer des indicateurs correspondant à des jeunes qui s'installent et investissent. Il faut à tout prix éviter que des coûts de revient et de production de la filière trop élevés n'empêchent les générations de se renouveler.
Depuis les événements du Salon de l'agriculture et les prises de parole du Président de la République, nous sommes convenus que des éléments restent à affiner dans le calcul des indicateurs, sans pour autant remettre en cause le travail réalisé. Nous demandons notamment aux producteurs de calculer les coûts de revient et de production car cela n'est pas évident. Le rôle de la filière, des chambres de l'agriculture, des centres de gestion, des banques, est de s'assurer que les producteurs de lait connaissent ces indicateurs. Dans le cadre d'un prêt, par exemple, les banques qui ne les demandent pas pourraient cautionner un surendettement. La filière, et plus généralement l'organisation professionnelle agricole (OPA), doit effectuer un travail de vulgarisation et surveiller l'évolution des marchés et du revenu, afin d'augmenter ce dernier.