En 2006, avec une ministre verte de l'agriculture, l'Allemagne a décidé que, pendant dix ans, quel que soit le gouvernement, la stratégie d'énergies renouvelables dans laquelle elle s'engageait ne changerait pas. Notre filière, qui suppose des capitaux lourds et offre une rentabilité modeste, aurait elle aussi besoin d'une telle lisibilité. En effet, il existe entre les éleveurs français des écarts phénoménaux selon les conditions d'achat de l'énergie, qui ont varié au fil des années. De fait, selon que le contrat aura été conclu à des conditions plus ou moins favorables, les résultats seront très différents. En outre, alors que nous nous concentrons sur les exploitations spécialisées dans le lait, des problèmes peuvent se poser pour les autres filières d'une exploitation qui aurait aussi des céréales, de la volaille ou du porc, et cette diversité est parfois difficile à appréhender avec les chiffres. Parfois le lait aide à passer le cap de ces difficultés, parfois ce sont les autres filières qui compensent les difficultés de la filière lait. Deux exploitations sont rarement identiques et leur résilience peut être très différente. Le message serait que les politiques doivent être définies pour une certaine durée afin de donner aux éleveurs une visibilité suffisante pour faire leurs choix. Quand les politiques changent trop souvent, c'est difficile.