Il y a deux France laitières. Dans la première, tournée vers le marché intérieur, la loi Egalim a porté ses fruits par le biais de la grande distribution. La guerre des prix instituée par la grande distribution depuis plus de dix ans a été destructrice de valeur et ses principales victimes sont évidemment les producteurs agricoles et l'agroalimentaire. De fait, les résultats nets des producteurs et des transformateurs laitiers font apparaître une rémunération peu élevée. Il faut toutefois distinguer entre des producteurs qui livrent leur lait à une entreprise qui vend exclusivement sur le marché français et n'a pas opéré de hausse pour un consommateur qui reste fidèle à l'acte d'achat des produits laitiers, et des entreprises laitières dont le mix produit est plus généraliste, orienté vers l'industrie agroalimentaire et ouvert à l'export, plus volatil en fonction de l'offre et de la demande.
Selon qu'on se trouve en Occitanie, sur les massifs de Rhône-Alpes, dans le Grand Ouest ou dans le nord de la France, la performance des éleveurs est très différente, ce qui a un lien direct avec les marges. En effet, le revenu est le produit d'un volume par un prix, et le résultat dépend alors des charges. Si donc nous voulons garder de la compétitivité, il faut rester bons, voire excellents. Tous les ans, la complexité administrative nous pèse, car le système fiscal et social français est différent de celui de la Pologne ou de l'Irlande. Si nous voulons que la France laitière reste dynamique et exportatrice, nous devons être dans la même catégorie que les champions que nous avons à affronter.
Il faut redonner des perspectives aux producteurs de lait et leur envoyer des messages positifs. On observe en effet une croissance de la consommation des produits laitiers à travers le monde, qui concernera principalement le fromage ingrédient et les poudres destinées à la nutrition des seniors et des jeunes enfants. Nous exportons notre gastronomie française avec des fromages de haute qualité et à forte valeur ajoutée, mais la consommation va aussi croître pour ces produits de « commodité », pour lesquels la France doit rester compétitive – n'oublions pas qu'elle compte quatre entreprises qui figurent dans le top mondial.