En 2017, l'interprofession a pris le train des plans de filière et de la loi Egalim. Avec la fin des quotas laitiers, et dans un marché où 60 % du lait restait sur le marché intérieur et 40 % était exporté, nous avons voulu éviter d'être exposés à la volatilité des prix à l'export et assurer ce socle de 60 % de débouchés sur le marché intérieur grâce au travail réalisé dans le cadre de France Terre de lait et à la loi Egalim pour donner aux consommateurs accès à des produits bénéficiant du relèvement des standards de qualité que nous avions opéré dans le cadre des plans de filière, mais accessibles à tous, tout en stabilisant au maximum le prix pour le producteur. Je précise que ce chiffre de 60 % s'entend à l'échelle macroéconomique, car certaines entreprises peuvent produire uniquement pour le marché français, tandis que d'autres, selon leur mix produit, peuvent être tournées à 50 % vers l'export, ce qui se traduit par des prix différents payés au producteur.
Depuis deux ans, notre travail commence à produire une amélioration du revenu, car les outils de stabilisation de la loi Egalim ont permis à l'interprofession de disposer d'indicateurs de marché qu'elle s'efforce de diffuser au maximum – ils sont notamment consultables par la grande distribution – afin que chacun des acteurs puisse en tenir compte dans ses négociations commerciales et, par exemple, prendre conscience de ce que la volonté de vendre beaucoup moins cher au consommateur se répercutera sous forme d'une baisse du prix versé au producteur.
En interne, nous définissons non pas un prix, mais des cadres de bonnes relations commerciales, et avons notamment réalisé un guide à cet effet. Nos indicateurs de prix de revient et de coûts de production, réalisés à l'échelle interprofessionnelle sur la base de calculs de l'Institut de l'élevage, donnent des repères à l'ensemble des acteurs et commencent à stabiliser les relations commerciales. Il peut toutefois y avoir des grains de sable dans la machine lorsque les producteurs ne se mettent pas d'accord avec leur entreprise. Cela peut créer des tensions comme c'était en effet le cas en fin d'année. Nous devons travailler à plus de lisibilité du revenu pour les producteurs, en particulier pour les jeunes qui s'installent. Le prix du lait, qui fera leur revenu, dépend toutefois des charges de l'exploitation, lesquelles ont subi l'inflation de plein fouet, en particulier pour ce qui concerne les services, qui ne seront jamais à la baisse car les salaires non plus ne baisseront jamais – c'est d'ailleurs tant mieux, car c'est le schéma français, auquel nous ne voulons pas déroger même si cette situation, atypique par comparaison avec les autres pays européens, génère des charges supplémentaires. Il est donc d'autant plus nécessaire de maintenir un prix du lait au bon niveau.