Vous avez évoqué les conséquences du Brexit. Le plan d'accompagnement individuel (PAI) lié à l'accord post-Brexit s'est traduit par un plan de sortie de flotte. Malheureusement, nous n'avons pas pu utiliser une grande partie de la réserve d'ajustement, qui a été rendue à l'UE, à hauteur de 400 millions d'euros. Je regrette que l'État français n'ait pas su utiliser intégralement cette enveloppe. Le PAI a concerné quatre-vingt-dix navires, principalement des navires hauturiers à gros volumes. Il n'existe pas d'opposition entre la pêche artisanale et la pêche hauturière, qui se complètent. Quand les navires hauturiers disparaissent, les mises en marché diminuent et les produits ne sont plus valorisés.
Il existe également un PAI européen. Il faut être bien conscient que les Irlandais ou les Écossais commercialisent le poisson européen en France : ils demandent à nos criées de vendre leurs produits. De leur côté, nos entreprises de mareyage ont besoin de volume, dans la mesure où leurs excédents bruts d'exploitation sont faibles. Or quand les volumes chutent de 40 %, l'ensemble du modèle s'écroule. Du côté irlandais, soixante-quinze navires de quarante mètres ont disparu dans le cadre du PAI européen. Les conséquences ont été dramatiques, en termes d'approvisionnement. En cumulant les bateaux français et irlandais, cent soixante-dix navires de vingt-quatre à quarante mètres ont ainsi disparu. À l'époque, j'avais discuté avec Michel Barnier, qui était chargé de la négociation du côté européen. Connaissant nos amis d'outre-Manche, la véritable négociation a débuté lorsque l'accord a été signé, puisque le diable se niche dans les détails. Aujourd'hui, nous en payons le prix.
Nous n'avons pas perdu les quotas, mais, ces quotas concernent des navires qui évoluent souvent dans les zones ouest Irlande, sud Irlande, ouest Écosse. Ils ne peuvent donc pas être réattribués à des navires côtiers.
Enfin, une aire marine protégée n'implique pas une interdiction de pêche pleine et entière. Il faut d'abord observer les objectifs de cette aire marine protégée. Parfois, certains engins de pêche sont interdits dans certains écosystèmes marins vulnérables (EMV), au large du plateau continental du golfe de Gascogne, qui part du Portugal pour remonter jusqu'à l'Écosse. Je rappelle par ailleurs qu'un chalutier ne part pas pêcher dans les zones rocheuses ou les zones à coraux, qui risquent d'endommager son matériel.
J'entends souvent dire qu'une aire marine protégée permet de régler tous les problèmes, mais cela est erroné. Par exemple, une aire marine protégée ne permettra pas de lutter contre l'acidification des océans, qui provoque la mort des coraux. En revanche, différents outils peuvent être mis en place. Les pêcheurs n'ont pas attendu les aires marines protégées pour mettre en place des zones de cantonnement. Par exemple, il nous a fallu cinquante ans pour restaurer la langouste dans le golfe de Gascogne, mais nous y sommes parvenus. Ces zones ont été notamment établies après l'hiver 1963. L'excellence de notre savoir-faire est reconnue en Europe et dans le monde entier. Il est donc regrettable que les soutiens ne soient pas plus affirmés.