Les pêcheurs n'ont pas pour objectif de pêcher des dauphins. Le plan d'action que nous avons co-construit avec mes homologues et qui concerne les régions Bretagne, Pays de la Loire et Nouvelle Aquitaine a été validé par la Commission européenne. Pour éviter les captures accidentelles, nous ne pourrons trouver des solutions que grâce à la technologie et la connaissance fine de notre milieu. Au mois de décembre, nous étions en ordre de marche pour répondre à ce plan d'action : le comité national des pêches, en lien avec les comités en région et les producteurs, avait équipé 380 navires en deux mois et demi, pour un montant de près de 20 millions d'euros d'argent public.
À la suite d'un recours en référé émanant de quatre associations, le Conseil d'État a mis à bas ce plan d'action en imposant une fermeture d'un mois lors des années 2024, 2025 et 2026. Jamais depuis la Seconde Guerre mondiale des pêcheurs n'avaient été ainsi obligés de laisser leurs bateaux à quai. Les pêcheurs respectent le droit. Je suis pro-européen et je suis respectueux de la République, mais j'estime qu'une telle décision est dramatique sur le plan économique. La filière a perdu 40 % des volumes et ce sont surtout les bateaux de plus petite taille qui n'ont pas pu prendre la mer.
Nous avons besoin d'entreprises pour trouver des solutions technologiques. On nous dit qu'il faut tester de nouveaux dispositifs, alors même que le pic de captures accidentelles est passé. J'ajoute également que nous devrions tirer fierté de la présence des dauphins, car elle qui signifie que la ressource est disponible : les dauphins viennent dans ces zones parce qu'ils y trouvent à manger. Je rappelle qu'une autre décision communautaire avait déjà conduit au préalable à fermer la pêche à l'anchois pendant six ans, alors que la durée de vie de cette espèce est de trois ans. Ce faisant, nous avons détruit nos entreprises de transformation et nos emplois. Malheureusement, nous n'en avons pas tiré les leçons.
Trouvons les solutions qui permettent de continuer les activités. N'oublions pas qu'au-delà des pêcheurs, d'autres maillons de la chaîne ont été impactés, comme les criées, qui sont désormais menacées de déposer leur bilan, sans bénéficier d'aides. Comment pouvons-nous faire pour maintenir ce trait d'union entre le pêcheur qui vend sa pêche, la criée qui offre des services intermédiaires, et la filière aval ? Cette filière devrait certes être aidée – du moins je l'espère –, mais comment allons-nous agir en faveur des mareyeurs qui ont perdu 40 % de leurs produits du jour au lendemain ? Nous avons été prévenus le 22 décembre dernier de la mise en place en place du dispositif, alors que celui-ci débutait le 22 janvier 2024. Trouvez-vous cela humain ? Mettons-nous au travail pour trouver des solutions et ne pas reproduire de telles erreurs !