Nous savons clairement que la solution pour régler les problèmes des trois filières que nous représentons consiste à disposer de réseaux d'eau étanches. En Bretagne, le directeur régional de la Saur avait d'ailleurs reconnu devant la Commission européenne qu'il ne répondait pas aux normes fixées par la directive-cadre Stratégie pour le milieu marin (DCSMM). Si nous investissions 4 milliards d'euros sur les réseaux et 2 milliards d'euros supplémentaires sur les stations d'épuration chaque année, il nous faudrait 178 ans pour restaurer les réseaux.
C'est un scandale. D'une part, cela affecte la santé humaine. D'autre part, la pêche représente la variable d'ajustement des décideurs des politiques communautaires. Cet ajustement ne se fait qu'à la baisse, pour diminuer les activités de pêche, de conchyliculture, d'aquaculture. Se surajoutent les phénomènes de dérèglement climatique, que personne ne maîtrise. Nos filières survivent aujourd'hui, mais nous ne pouvons pas tout prévoir. Par exemple, en dépit des données scientifiques indiquant leur extinction en France, il n'y a jamais eu autant de civelles que cette année.
Nous sommes confrontés à des obligations communautaires telles que l'obligation de débarquement, qui oblige les bateaux à déclarer tout ce qui est pêché, y compris ce qui est rejeté, au titre des espèces sous quotas que l'équipement des criées ne permet pas de recevoir. Les pêcheurs rejettent à la mer du poisson qu'ils ne peuvent ramener, des produits sont donc détruits sans pouvoir être valorisés. La règle actuelle n'est pas adaptée à la connaissance du stock que les marins constatent au quotidien. La situation est dramatique : les pêcheurs ont du mal à vivre de leur métier, alors même qu'ils ont bien géré la ressource. Je rappelle que 61 % de la flotte de pêche française a été sacrifiée lors des trente dernières années. Qu'attendons-nous pour prendre le virage de notre souveraineté alimentaire ?