Je vous remercie de m'accueillir dans cette commission pour l'examen d'une proposition de résolution qui me tient, comme au groupe MoDem, particulièrement à cœur. Vous connaissez, en effet, mon attachement à la défense et à la promotion des droits des enfants ainsi qu'au monde de la culture. Je suis fier de poursuivre le combat aux côtés de Mme la rapporteure, que je remercie pour son initiative et pour le travail transpartisan qu'elle a accepté de mener – on sait que ce n'est pas toujours simple.
Les récentes révélations de Judith Godrèche ont provoqué une onde de choc dans le monde de la culture. Auditionnée en mars, cela a été rappelé, par la délégation aux droits des enfants et par la délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes, elle a dénoncé la léthargie du monde du cinéma face à de multiples dérives qui ne cessent de se reproduire. Le témoignage, à la veille de la cérémonie des César, d'Aurélien Wiik, abusé par son agent durant son adolescence, en a été une preuve supplémentaire. Tout cela n'est pas nouveau : en 2019, Adèle Haenel avait révélé avoir été victime, adolescente, d'agressions sexuelles commises par un réalisateur ; auparavant encore, en 2016, Flavie Flament avait dénoncé le viol qu'elle avait subi, adolescente elle aussi, de la part d'un photographe. Je regrette de le dire, mais à l'époque nous n'avons pas su, collectivement, écouter suffisamment ces témoignages, nous n'avons su prendre la mesure de ces dénonciations et nous n'avons pas su agir. Nous avons beau jeu, aujourd'hui, de dénoncer l'omerta qui existe dans le monde du cinéma : nous avons tous notre part de responsabilité.
Nous refusons, au groupe MoDem, d'être de ceux qui laissent faire sans bouger. Nous refusons que notre inaction favorise l'émergence d'un monde trop dangereux pour nous tous et surtout pour nos enfants. Alors, réveillons-nous, agissons, disons à toutes les victimes de violences physiques, psychologiques, sexistes et sexuelles que nous les écoutons et que nous allons travailler à offrir un monde plus sûr. C'est ce qui nous a poussés, Perrine Goulet, Véronique Riotton, Élodie Jacquier-Laforge et moi, à soutenir immédiatement et sans aucune arrière-pensée cette proposition de résolution.
Parce que, malheureusement, les enfants ne sont pas les seules victimes de tels agissements, nous avons souhaité, d'un commun accord, étendre la commission d'enquête aux violences, sous toutes leurs formes, que peuvent subir aussi les adultes dans le monde de la culture, et cela répond sans doute aux préoccupations de Mme Legrain. Le témoignage de Flavie Flament en est la preuve, de même que l'émergence des mouvements MusicToo et MeTooThéâtre : cette commission d'enquête doit s'étendre au spectacle vivant, à la mode, à l'audiovisuel et à la publicité. Ne soyons pas aveugles, le cinéma n'est pas la seule industrie du monde de la culture qui est impliquée.
Mes chers collègues, votons, dans un esprit de responsabilité, pour cette proposition de résolution. Votons pour la création d'une commission d'enquête qui nous permettra de mettre au jour les défaillances, d'établir les responsabilités de chacun et surtout, car c'est le plus important, de proposer un cadre nouveau, plus protecteur.