Je remercie également le rapporteur général, M. Paul Midy, également rapporteur de la commission mixte paritaire (CMP), et les rapporteurs Louise Morel, Anne Le Hénanff, Mireille Clapot et Denis Masséglia, pour le travail accompli.
Ce texte est aussi, et surtout, un texte d'intérêt général et d'utilité publique, attendu par des millions de nos concitoyens. S'il est adopté, il nous offrira les moyens de peser face aux grandes plateformes et de garder le contrôle de notre espace numérique, pour mettre fin aux dérives d'aujourd'hui, anticiper celles de demain et protéger les Français, les entreprises et les collectivités locales.
L'époque où les plateformes se retranchaient derrière l'éclatement des législations des différents États membres, les mettant même en concurrence pour freiner toute régulation, est désormais révolue. Et je le dis aux eurosceptiques et aux europhobes de cet hémicycle, à ceux qui voulaient faire sortir notre pays de l'Union comme à ceux qui aimeraient faire passer les institutions européennes pour un temple de l'ultralibéralisme : si nous avons réussi, c'est grâce à l'Europe – car sans l'Europe et sans l'impulsion de la présidence française du Conseil de l'Union européenne, qui a joué un rôle décisif, les règlements relatifs aux services numériques et aux marchés numériques – Digital Services Act (DSA) et Digital Markets Act (DMA) – n'auraient jamais pu voir le jour.
Désormais, grâce au DMA, les grandes plateformes en ligne désignées comme contrôleurs d'accès ne pourront plus imposer à leurs clients ou à leurs concurrents des pratiques commerciales déloyales sans risquer de lourdes amendes qui pourront s'élever jusqu'à 10 % de leur chiffre d'affaires mondial, voire 20 % en cas de récidive. Grâce au DSA, les plateformes en ligne devront prendre leurs responsabilités pour lutter activement et efficacement contre la diffusion de contenus illicites et dangereux. Elles devront s'employer à corriger les risques systémiques qu'elles font peser sur le bien-être et la santé de leurs utilisateurs, sous peine de sanctions, qui peuvent aller jusqu'à l'interdiction d'exercer leurs activités sur le marché européen.
Si la France a été à l'initiative de ce nouveau cadre novateur et protecteur, elle doit désormais être exemplaire dans son application. L'impact réel de ces règlements réside dans la capacité collective de l'État, des régulateurs, des entreprises et des chercheurs à se saisir de ces nouveaux outils. L'ambition de ce texte consiste à en assurer la pleine effectivité sur le sol français, en adaptant notre droit national au nouveau cadre européen puis en créant les conditions d'un environnement qui favorise la confiance et l'équité des échanges sur ces interfaces.
Notre combat pour un espace numérique plus sûr et plus éthique ne prendra pas fin ce soir. Chaque jour – nous en sommes tous témoins –, de nouvelles dérives et de nouveaux mésusages émergent au gré des évolutions technologiques et des nouvelles pratiques sociales, ou tout simplement parce que nous perdons le contrôle d'innovations détournées de leurs objectifs initiaux. Pleinement consciente de cet écueil, je vous soumets aujourd'hui un texte qui ne vise pas seulement à adapter notre droit national aux nouvelles réglementations européennes, mais qui apporte aussi des réponses concrètes et efficaces aux nouvelles menaces, tout en anticipant les risques futurs.
Plusieurs mesures très concrètes permettront ainsi de renforcer la protection de nos concitoyens en ligne. La création d'un filtre anti-arnaque était un engagement pris par le Président de la République devant les Français en 2022 : il sera tenu ! Je tiens à saluer l'excellent travail de la rapporteure Louise Morel et du député Éric Bothorel qui nous ont permis d'aboutir à un dispositif équilibré, efficace et opérationnel, et qui protégera les Français des tentatives d'escroquerie et d'hameçonnage.