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Intervention de Anne Stambach-Terrenoir

Séance en hémicycle du mardi 9 avril 2024 à 15h00
Gouvernance de la sureté nucléaire et de la radioprotection - application du cinquième alinéa de l'article 13 de la constitution — Discussion générale commune

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAnne Stambach-Terrenoir :

Vous désorganisez la gouvernance et vous tirez une balle dans le pied de la relance que vous voulez tant.

Par ce projet de loi, vous vous apprêtez à démanteler une structure qui fonctionne. L'IRSN rassemble plus de 1 700 scientifiques, des ingénieurs, des chercheurs. Pour leur intersyndicale, ce projet de loi pose la première pierre du délitement de la recherche en sûreté nucléaire et radioprotection au profit d'un entêtement extrême. Résultat, 57 % des experts ont envisagé de quitter l'IRSN depuis un an. Vous organisez la fuite des cerveaux, le départ de personnes aux compétences rares acquises après de longues années de travail, et ce au pire moment possible.

Le parc nucléaire français a 38 ans d'âge moyen. La question de la prolongation des réacteurs augmente déjà la charge de travail qui pèse sur les experts. Pourtant, dans votre désir de relancer le nucléaire, vous prévoyez la construction de huit nouveaux EPR, puis de quatorze au total, alors qu'on ne maîtrise pas encore totalement leur ingénierie et alors que l'EPR de Flamanville essuie un énième camouflet. En effet, il devait démarrer le mois dernier, mais finalement ce sera pour cet été, peut-être. Honnêtement, après douze ou treize ans de retard pour un gouffre financier de près de 20 milliards d'euros, on n'est plus aux pièces. Par ailleurs, on nous annonce que les coûts des EPR 2 augmenteront au moins de 30 %, alors que rien n'a commencé. Cela non plus ne vous alarme pas ?

En outre, la Cour des comptes estime que les conséquences du changement climatique sont largement sous-estimées dans vos plans : avec l'aggravation annoncée des sécheresses, il faudrait investir au moins 3 à 4 milliards supplémentaires dans des tours réfrigérantes. En réalité, on ne sait pas si on aura encore assez d'eau pour refroidir les réacteurs que vous espérez faire sortir de terre dans quinze ans, au mieux.

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