La réforme que vous appelez de vos vœux n'est qu'une occasion d'aller plus loin dans la libéralisation du secteur. Ce que vous souhaitez, c'est offrir aux acteurs économiques des garanties en termes de simplification des procédures. En somme, il s'agit pour vous de faire sauter les garde-fous.
Avec ce projet, vous cherchez encore à contourner l'obstacle du renouvellement des moyens financiers et humains. Vous misez sur la mutualisation pour réduire l'effort budgétaire qu'il vous faudra pourtant consentir un jour, compte tenu de l'importance des enjeux. Vous savez, comme nous, que les moyens actuels ne sont pas adaptés et, compte tenu des orientations budgétaires à venir, de lourdes incertitudes pèsent sur le devenir de la probable future entité que vous défendez mordicus. De toute évidence, elle n'a pas vocation à répondre aux attentes légitimes des salariés et, surtout, de nos concitoyens.
Au-delà des inquiétudes et des réserves exprimées par nombre des institutions et des experts consultés dans le cadre de l'examen de ce projet de loi, nous voyons se dessiner avec votre texte un horizon dangereux, celui du moins-disant qualitatif, du moins-disant scientifique, du moins-disant démocratique.
La relance du nucléaire ne suppose pourtant pas seulement de rebâtir un écosystème durement mis à mal ces dernières décennies, elle appelle la mise en œuvre d'une stratégie financière et industrielle cohérente en vue de financer la recherche et l'innovation, de conduire des politiques de formation et de recrutement ambitieuses, de consolider un ensemble complexe d'industries, sans jamais en rabattre sur le haut degré d'exigence en matière de sûreté qui est aujourd'hui le nôtre.
Notre sûreté nucléaire ne doit pas seulement disposer de moyens humains et financiers à la hauteur de ses ambitions. Il importe aussi que son organisation ne soit pas remise en cause pour servir les intérêts de ceux qui voient dans l'énergie non pas un bien commun mais un business comme un autre.
En conséquence, nous voterons contre ce texte.